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Chloé Triomphe et Guillaume Biet, édité par Rémi Duchemin , modifié à
Quelques jours après les faits, quatre policiers impliqués dans le tabassage du producteur noir Michel Zecler ont été mis en examen et deux d’entre eux ont été écroués, lundi matin. Les quatre fonctionnaires présentent pourtant de bons états de service et expliquent leurs coups par la peur ressentie lors de la tentative d’interpellation.
DÉCRYPTAGE

Les réquisitions du parquet de Paris ont été entendues. Les quatre policiers mis en cause dans le passage à tabac du producteur de musique Michel Zecler ont été mis en examen, pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique (PDAP)" et "faux en écriture publique", pour trois d’entre eux, conformément aux réquisitions du parquet de Paris annoncées par le procureur de la République Rémy Heitz dimanche après-midi. Par ailleurs, deux des fonctionnaires impliqués ont été écroués lundi matin. Âgés de 23 à 44 ans, les quatre hommes, qui ont avancé la panique comme justification aux coups portés à la victime, présentaient pourtant jusqu’alors de bons états de service.

Pas d’accroc dans les dossiers

C'est d’ailleurs la toute première fois de leur carrière que ces quatre policiers sont formellement mis en cause par la justice. Il s’agit de fonctionnaires jusqu'ici sans histoire, y compris le plus expérimenté d'entre eux, un brigadier de 44 ans aux états de service impeccables depuis près de 20 ans qu'il est affecté dans ce commissariat parisien. C'est lui que l'on voit sur la vidéo, radio à la main, bloquer la porte aux jeunes qui essayent de prêter main forte. Lui aussi qui donne plusieurs coups à la victime. Il a été placé en détention provisoire.

Ses deux collègues gardiens de la paix ont 23 et 31 ans. Le plus âgé est très bien noté, pas le moindre accroc dans son dossier. Il est sous contrôle judiciaire. Quasi rien à signaler non plus pour le plus jeune, celui qui, selon les informations d’Europe 1, a rédigé le procès-verbal d'interpellation soupçonné d'être un faux en écriture publique. Il a été placé en détention provisoire.

Une broutille pour le quatrième policier

Quant au quatrième policier, celui qui est arrivé en renfort et a lancé la grenade lacrymogène dans le sas d'entrée, il est également bien noté par sa hiérarchie. A 35 ans, il est affecté au commissariat du 17ème arrondissement depuis trois ans et demi. Il a juste été rappelé à l'ordre une fois pour avoir perdu un carnet à souche. Une broutille, sans commune mesure avec la gravité de l'affaire dans laquelle ces fonctionnaires sont mis en examen.

Car voici désormais les quatre hommes contraints de se défendre de faits graves. Durant leurs auditions en garde à vue, les trois policiers auteurs présumés des violences ont expliqué leur attitude par la peur. Ils ont affirmé avoir paniqué dans le local exigu dont ils n'arrivaient pas à s'extraire, et qu'ils avaient eu du mal à maitriser Michel Zecler.

"Ils finissaient cependant par admettre que les coups portés n’étaient pas justifiés"

"S’ils reconnaissaient avoir porté des coups, ils expliquaient ceux-ci par l’attitude de ce dernier et les circonstances de l’interpellation", a détaillé Rémy Heitz, le procureur de Paris, dimanche après-midi. "Ils contestaient avoir tenu des propos racistes dénoncés par la victime et corroborés par le témoignage d’un des jeunes présent derrière la porte du sas. Ils réfutaient le caractère mensonger du procès-verbal d’interpellation. Ils finissaient cependant par admettre que les coups portés n’étaient pas justifiés et qu’ils avaient agi principalement sous l’effet de la peur ressentie dans le sas".

Des coups disproportionnés, voilà qui est plus proche de ce que montrent les images de la vidéo. Malgré les bons états de service des policiers soulignés par le parquet, ce dernier a surtout insisté sur le trouble exceptionnel à l'ordre public et sur la gravité des faits.

"C’est beaucoup d’émotion aujourd’hui dans les services. Si les images ont choqué l’ensemble de nos collègues, cette décision est choquante aussi parce que pour des primo-délinquants, la détention provisoire n’est jamais requise", a pour sa part réagi Thierry Clair, le secrétaire général adjoint de l'UNSA Police, au micro d'Europe 1. "Là, pour ces collègues qui ont un très bon dossier administratif, cette décision crée de l’émotion dans les services, c’est une réalité", conclut-il.