Référendum grec : conforté par la victoire du "non", Tsipras promet d'ouvrir "une nouvelle page"

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avec la rédaction d'Europe 1 et agences , modifié à
AUX URNES - Le peuple hellène était appelé à se prononcer pour ou contre le plan d'aide des créanciers. Bien que pas encore officialisée, la victoire du "non" se précise. François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont prévu de se rencontrer lundi soir à l'Elysée.

Oui ("Nai") ou Non ("Oxi") ? Bien que les résultats définitifs n'aient pas encore été rendus publics, la réponse des Grecs est sans appel : ils ont fait le choix de rejeter le plan de sauvetage "argent frais contre réformes" mis au point par les créanciers de la Grèce (FMI, BCE et pays de la zone euro) en échange d'une nouvelle aide financière. En effet, le ministère de l'Intérieur a annoncé dimanche soir que le non recueillait plusde 61% des suffrages sur 90% des bulletins dépouillés.

LES PRINCIPALES INFORMATIONS DE LA JOURNÉE

• Le non est bien installé en tête dimanche, recueillant 61,6% des voix (sur 90% des bulletins de vote dépouillés)

• Conforté par ce vote, Alexis Tsipras promet "d'ouvrir une nouvelle page de l'histoire grecque" lors de nouvelles négociations qui devront évoquer la dette du pays

• Le reste de la zone euro est divisée sur l'attitude à adopter, un sommet de la zone euro se tiendra mardi

Une victoire du "non" de plus en plus certaine. Les bureaux de vote à peine fermés, quatre instituts de sondage ont affirmé que le camp du "non" serait en tête, bien que les résultats soient serrés. Tous s'accordaient pour placer le "non" en tête avec 51 à 55% des intentions de votes. Une tendance confirmée par les premiers dépouillements. Peu avant 23 heures, heure locale, le ministère de l'Intérieur a annoncé que le non était en tête à 61,5% contre 38,4% au oui, le tout avec 72% des bulletins de vote dépouillés. "Le peuple grec a prouvé qu'il n'est pas soumis au chantage", a déclaré dans la foulée le ministre grec de la Défense, sans attendre les premiers résultats officiels.

Les partisans du "'non" n'ont pas tardé à descendre dans la rue pour rallier la place Syntagma, dans le centre d'Athènes, pour manifester leur joie, comme le montre cette photographie de la journaliste Aude Soufi :

 

Athènes commence à préparer la suite. Si le résultat du référendum se confirme, le gouvernement grec s'estime renforcé par ce vote et va demander à négocier un nouvel accord qui lui soit plus favorable. Le porte-parole du gouvernement grec Gabriel Sakellaridis a assuré dimanche soir que "les initiatives pour arriver à un accord" entre Athènes et ses créanciers UE et FMI "allaient s'intensifier à partir de ce soir".

Le non au référendum en Grèce ne signifie pas "une rupture avec l'Europe mais "le renforcement de notre pouvoir de négociation" avec les créanciers, a confirmé Alexis Tsipras dans une allocution télévisée, tout en précisant que "cette fois la dette sera sur la table des négociations".

Le reste de l'Europe se consulte. Aux avant-postes des négociations avec Athènes, l'Allemagne et la France se sont déjà donné rendez-vous pour évoquer le référendum grec. François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel auront lundi soir à l'Elysée "un entretien suivi d'un dîner de travail pour évaluer les conséquences du référendum en Grèce", a annoncé dimanche la présidence française.

L'organisation d'un sommet de l'euro groupe mardi prochain a également été annoncé dans la soirée. Quand à la Commission européenne, elle a déclaré "respecter le résultat" du référendum.

RETOUR SUR LES PRINCIPAUX ÉVÉNEMENTS DE LA JOURNÉE

La question qui était posée aux Grecs

Voici l'intitulé exact du bulletin de vote : "Acceptez-vous le projet d'accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international lors de l'Eurogroupe du 25.06.2015 et composé de deux parties, qui constitue leur proposition unifiée ?

Le premier document est intitulé "Réformes pour la réussite du programme actuel et au-delà" et le second "Analyse préliminaire de la soutenabilité de la dette".

Non accepté / NON

Accepté / OUI"

 

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Un peuple divisé. C'est une population en colère et épuisée par les mesures d'austérité qui était appelée à se prononcer quelques jours après l'instauration d'un contrôle des capitaux et la fermeture des banques. Les Grecs sont apparus divisés entre les partisans du "non" prôné par le Premier ministre Alexis Tsipras qui a appelé à refuser une "humiliation" et les défenseurs du "oui" convaincus qu'un "Grexit" serait pire que la poursuite d'un programme de rigueur budgétaire. Chaque camp a organisé tout au long de la semaine passée des manifestations rassemblant entre 15.000 et 20.000 personnes.

"Un jour de fête" pour Tsipras. Visage souriant, en apparence détendu, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a voté peu avant 10 heures dans une école du quartier de Kipseli, au Nord d'Athènes où il réside. Après avoir glissé son bulletin dans l'urne, le leader de Siriza a exhorté son peuple "à prendre son destin en main". "Aujourd'hui est un jour de fête et de joie", a-t-il assuré.

Quitte ou double pour Tspiras. Initialement, le gouvernement Tsipras semblait espérer que, grâce à un non qui mettrait au moins la moitié des Grecs derrière lui, il pourrait simplement retourner plus fort à la table des négociations. Mais les créanciers ont durci l'enjeu, assurant que le vote de dimanche équivalait à dire oui ou non à l'Europe. Certains espèrent sans doute, comme l'a reconnu le président du Parlement européen Martin Schulz, que la consultation donnera ainsi l'opportunité d'en finir avec "l'ère Syriza". En effet, le gouvernement Tsipras a précisé qu'il pourrait démissionner en cas de victoire du "Oui".

Renzi pense au jour d'après. Au lendemain du référendum en Grèce, quelle que soit l'issue, il est évident "que les Européens devront se remettre à parler", affirme dimanche le président du Conseil italien Matteo Renzi dans une interview au quotidien Il Messaggero. "Quand tu vois un retraité pleurer devant une banque et les gens qui font la queue devant les bancomats, tu te rends compte qu'un pays aussi important pour le monde et pour sa culture que la Grèce ne peut finir ainsi".

Un avis partagé en France par Emmanuel Macron. "Quel que soit le vote nous devons dès demain reprendre des discussions politiques", a déclaré dimanche le ministre de l'Economie lors d'un colloque économique à Aix-en-Provence. "Même si le non grec devait l'emporter, notre responsabilité sera de ne pas faire le traité de Versailles de la zone euro".