Les ventes de bières sans alcool ont augmenté de 15% en 2020. 1:35
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Bières, vins, pastis et même whisky : tous les alcools sont désormais déclinés en version sans alcool. Parfois simple marketing à l'occasion du "Dry January", il y a derrière une véritable tendance de fond avec des Français qui cherchent à limiter leur consommation d'alcool sans aller jusqu'à ne boire que des jus de fruits et des sodas. En 2020, les ventes se sont envolées.
DÉCRYPTAGE

À quelques heures du réveillon, il s'agit de réfléchir à ses bonnes résolutions pour 2021. Plus de sport, une meilleure alimentation ou encore… moins d’alcool. En effet, le 1er janvier marque le début du "Dry January", un défi qui consiste à se passer d’alcool pendant un mois, histoire de se remettre des excès des fêtes. Sauf qu'au pays du vin et du champagne, c’est plus facile à dire qu’à faire. Ce n'est pas toujours évident de prendre un jus de tomate à l'apéritif. Pour se motiver, on trouve de plus en plus de boissons qui imitent les alcools traditionnels. Elles rencontrent même un succès grandissant.

Croissance de 15% pour les bières sans alcool en 2020

Depuis quelques années, les rayons des grandes surfaces ont vu arriver de plus en plus de références de "boissons alcoolisées sans alcool", à commencer par les bières. Toutes les grandes brasseries industrielles en proposent. Avec les panachés, les bières sans alcool représentent aujourd’hui 8% des ventes de bière en France. "Avant, les quelques produits existants ne prenaient pas car on avait du mal à reproduire véritablement le goût de la bière traditionnelle. Depuis 4-5 ans, les industriels ont développé des techniques de refroidissement, de désalcoolisation et d'interruption de la fermentation qui permettent de ne pas altérer le goût de la bière", précise Maxime Costilhes, délégué général des Brasseurs de France.

Et il y a une vraie tendance de fond. "En 2020, année désastreuse pour la brasserie, on va avoir une croissance d'environ 15% pour les ventes de bière sans alcool", souligne Maxime Costilhes. Dans un contexte de baisse continue de la consommation moyenne d'alcool depuis 1950, "c'est un nouveau marché qui s'ouvre". "Aujourd'hui, ce sont surtout les grands industriels qui produisent des bières sans alcool. Mais il y a quand même une cinquantaine de brasseries artisanales, sur 2.000 en France, qui ont actuellement des projets de bière sans alcool en développement. L'enjeu, c'est de reproduire la diversité des bières classiques en sans alcool", explique le délégué général des Brasseurs de France.

Des vins sans alcool sur les tables de restaurants étoilés

Encore plus surprenant que la bière, on trouve à présent des vins sans alcool. Blanc, rouge, rosé… à zéro degré, comme ceux de l'entreprise Le Petit Béret. Fondée par un entrepreneur, Fathi Benni, et le meilleur sommelier de France Dominique Laporte, en 2015, cette start-up héraultaise a développé 24 références de boissons non alcoolisées. Des bières mais aussi et surtout des vins. "On part d'une sélection de cépages. On a créé un procédé qui nous permet, en se basant sur le mout de raisin, de transformer le raisin et d'obtenir des qualités aromatiques. Au bout, on a des boissons très proches de ce que l'on trouve habituellement sur une carte des vins", assure Fathi Benni.

Techniquement, il ne faut pas parler de vin, appellation valable seulement pour les boissons qui dépassent les 9 degrés d'alcool. "Mais aromatiquement parlant, la ressemblance est bluffante : vous retrouvez le nez, la structure en bouche, vous avez des tanins et de l'acidité", développe le PDG de Le Petit Béret. Une recette qui fonctionne puisque l'entreprise exporte aujourd'hui dans une trentaine de pays et ses vins se retrouvent même dans des restaurants étoilés. "Chaque année, on a une croissance de 80% de l'activité", détaille Fathi Benni.

Du marketing et une tendance sociétale

Même les grands groupes se lancent dans des expérimentations de "boissons alcoolisées sans alcool". Cette année, Martini a lancé L'Aperitivo Sans Alcool, déclinaison de sa célèbre boisson. Peu de temps avant, c'est Pernod-Ricard qui avait lancé une gamme dédiée à l'occasion du "Dry January" avec gin et whisky sans alcool. Même le pastis existe en version 0% avec la gamme Pacific. Pour Fathi Benni, ce n'est pas juste du marketing. "Il y a une forte demande de la part de consommateurs qui font attention à leur consommation d'alcool, qui veulent boire moins mais qui cherchent quand même des boissons de partage qui ont du goût et donnent du plaisir", estime le PDG de Le Petit Béret.

Par ailleurs, ces nouvelles boissons ont aussi un autre avantage. "Dans le cas des bières, la seule source de calories c'est l'alcool. Si vous enlevez l'alcool, forcément elles sont beaucoup plus légères", rappelle Maxime Costilhes, des Brasseurs de France. Et puis il y a un intérêt non-négligeable : c'est une parade à la pression sociale. Commander un jus de tomate ou une eau gazeuse n'est pas toujours bien vu dans notre société, là où une bière sans alcool reste avant tout une bière.