"Aucun obstacle de principe à la féminisation" des noms de métiers, estime l'Académie française

"Celle-ci relève d'une évolution naturelle de la langue", explique le texte adopté par les académiciens.
"Celle-ci relève d'une évolution naturelle de la langue", explique le texte adopté par les académiciens. © Lionel BONAVENTURE/AFP
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avec AFP , modifié à
L'institution a adopté jeudi à "une large majorité" un rapport sur la féminisation des noms de métiers soulignant qu'il n'existait "aucun obstacle de principe" à la féminisation" des noms de métiers et de professions.

L'Académie française a adopté jeudi à "une large majorité" un rapport sur la féminisation des noms de métiers soulignant qu'il n'existait "aucun obstacle de principe" à la féminisation" des noms de métiers et de professions. "Celle-ci relève d'une évolution naturelle de la langue, constamment observée depuis le Moyen Âge", explique le texte adopté par les académiciens.

Gardienne sourcilleuse du bon usage de la langue française, l'Académie française avait mis jeudi à son ordre du jour l'examen d'un rapport préconisant la féminisation des noms de métiers, sujet longtemps tabou au sein de l'institution fondée au XVIIème siècle par Richelieu. "S'agissant des noms de métiers, l'Académie considère que toutes les évolutions visant à faire reconnaître dans la langue la place aujourd'hui reconnue aux femmes dans la société peuvent être envisagées", indique le rapport rédigé par une commission présidée par l'historien Gabriel de Broglie, 87 ans, et composée de la romancière et essayiste Danièle Sallenave, du poète d'origine britannique Michael Edwards et de l'écrivaine et biographe Dominique Bona.

Pas une menace pour la structure de la langue. L'Académie française ne compte pas "dresser une liste exhaustive des noms de métiers et de leur féminisation inscrite dans l'usage ou souhaitable" ni "édicter des règles de féminisation des noms de métiers" en arguant que ce serait "une tâche insurmontable". "Il convient de laisser aux pratiques qui assurent la vitalité de la langue le soin de trancher", a indiqué l'Académie qui a retenu dans son rapport des mots jusqu'à présent tabous comme "professeure". "L'emploi de ces formes en "-eure", qui fait débat, et cristallise certaines oppositions au mouvement naturel de la féminisation de la langue, ne constitue pas une menace pour la structure de la langue ni un enjeu véritable du point de vue de l'euphonie, à condition toutefois que le "e" muet final ne soit pas prononcé", a tranché l'Académie qui accepte également "auteure", "autrice" et "écrivaine".

L'écriture inclusive reste bannie des textes officiels

L'écriture inclusive reste bannie des textes officiels, le Conseil d'État ayant rejeté jeudi des recours demandant l'annulation d'une circulaire du Premier ministre proscrivant ce langage épicène dans les communications ministérielles. Dans une circulaire du 21 novembre 2017 sur "les règles de féminisation", Édouard Philippe avait "invité" ses ministres, "en particulier pour les textes destinés à être publiés au Journal officiel de la République française, à ne pas faire usage de l'écriture dite inclusive". Cette note avait été dévoilée alors qu'un débat agitait la France depuis des mois sur cette forme discutée d'élargissement des mots au féminin. La plus haute juridiction administrative a considéré que le Groupement d'information et de soutien sur les questions sexuées et sexuelles, association intervenant sur les questions de genre, n'était pas fondé à demander l'annulation pour "excès de pouvoir" de la circulaire attaquée.