À partir de quel âge et comment avouer à votre enfant la vérité sur le Père Noël ?

On se souvient tous de la façon dont c'est arrivé. Apprendre la vérité sur le Père Noël est un moment important, une étape, presque un rituel par lequel passent tous les enfants. Mais cette révélation peut être un moment délicat à affronter pour les parents.

Et pour cause, malgré un déguisement enfilé à la va-vite après un repas parfois trop lourd et des diversions plus ou moins réussies pour glisser en vitesse les cadeaux sous le sapin, vous êtes parvenu à maintenir le mythe intact (enfin vous le pensez). "On sous-estime à quel point les enfants font semblant d'y croire pour nous faire plaisir", avance Marie-Estelle Dupont, psychologue clinicienne.

"On n'est pas obligé d'avoir un modèle unique pour toutes les familles"

Si vers 3 ans c'est "la pensée magique qui prédomine", plus le temps passe et plus l'enfant va "détecter les signaux", les incohérences. "Vers 5 ans, il se rend compte qu'il y a des choses bizarres", ajoute la spécialiste bien connue des auditeurs d'Europe 1, puisqu'elle présente aux côtés de Romain Desarbres Et si on en parlait, du lundi au vendredi entre 15h et 16h.

Mais alors il y a-t-il un âge précis pour révéler la vérité ? Pas vraiment selon Marie-Estelle Dupont, qui met en avant l'humain, le cas par cas et le bon sens. "Je crois que la question du Père Noël n'a pas une incidence assez grave sur la construction psychique pour qu'on puisse dire aux parents c'est à tel âge ou c'est comme ci ou c'est comme ça. C'est au feeling, c'est un peu quand ils sentent que l'enfant commence à avoir quelques doutes. Il faut lui dire que ses perceptions ne le trompent pas, que ça fait partie des légendes. [...] Les parents vont le sentir, ils doivent se faire confiance et s'adapter à l'enfant. [...] On n'est pas obligé d'avoir un modèle unique." 

Par exemple dans les familles nombreuses, "en général, le petit dernier y croit deux minutes : les grands sont tellement fiers de lui casser son truc", glisse la spécialiste. Autre possibilité, "on peut avoir un enfant qui est très sensible au mensonge et qui va très mal vivre qu'on lui raconte des craques. Dans ces cas-là, il faut lui dire très vite que ce n'est pas vrai."

Quid de la confiance ?

Car derrière la vérité du Père Noël peut se nicher pour les parents la question de la confiance que l'enfant place dans la parole de l'adulte. Mais là encore, Marie-Estelle Dupont se veut rassurante. "Ça dépasse quand même l'histoire ponctuelle du Père Noël, l'enfant est avec ses parents toute l'année donc s'il voit que ce qu'ils disent est fiable sur tout le reste, lui avoir raconté l'histoire du Père Noël et un jour lui dire 'c'est une histoire qu'on raconte aux enfants pour leur faire plaisir', ne va pas détruire sa confiance dans le monde des adultes."

"L'enjeu [de la vérité autour de cette légende] n'est pas majeur. Il y a des combats plus importants à mener que de savoir s'il faut leur casser le [mythe du] Père Noël ou pas", conclut la psychologue clinicienne.

Qu'il apprenne la vérité cette année ou une prochaine fois, cela n'entachera donc pas la magie de cet instant d'unité familiale, et son plaisir à déballer ses cadeaux.