Conférence sur la paix au Proche-Orient : "Un vrai succès pour la France"

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Europe 1
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75 pays se réunissent à Paris, dimanche, pour une conférence sur la paix entre Israël et le peuple palestinien... mais sans les deux principaux protagonistes. 

A quoi va servir la "conférence de Paris" sur le conflit israélo-palestinien ? 75 pays et organisations internationales se réunissent dimanche en France pour réaffirmer solennellement l'engagement de la communauté internationale pour la solution à deux États, israélien et palestinien, vivant côte à côte en paix et en sécurité. Mais en l'absence des autorités des deux pays concernés, cette conférence ne devrait aboutir à aucune décision concrète.

"Le retour de la France dans la région". Selon Frédéric Encel, géopoliticien et spécialiste du Moyen-Orient, invité d'Europe 1, le principal intérêt de ce rendez-vous est de marquer "le retour de la France dans la région". Paris est en effet à l'initiative de la conférence. "Au regard du retrait, relatif mais assez important tout de même, des Américains dans cette région et dans ce conflit en particulier, au regard des efforts politiques, militaires et financiers de la France contre le djihadisme, Paris souhaite montrer qu'il n'y a pas de vide de puissance dans la région", décrypte Frédéric Encel.

Et d'enchaîner : "Paris souhaite montrer que la seule puissance qui pourrait tenter quelque chose, de manière assez humble, c'est quand même la France. Il s'agit de jouer cette carte là. Avec, pour l'instant, un vrai succès : une trentaine d'Etats il y a six mois, 75 aujourd'hui, ce n'est pas négligeable".

Aucune solution à court terme. Grâce à cette conférence, la France entretient le flambeau des négociations. Et c'est en ce sens, selon Frédéric Encel, qu'elle n'est pas "futile" comme l'affirme Benjamin Netanyahou, le chef du gouvernement israélien. "Les deux protagonistes principaux ne sont pas là. C'est la raison principale du pessimisme qui doit malgré tout régner. Car sans eux, on ne fera pas la paix. Cette réunion n'aura d'ailleurs rien d'exécutoire", reconnaît le spécialiste.

" J'ai l'impression qu'il va falloir attendre le départ de Netanyahou et d'Abbas "

Mais selon lui, la France a tout de même réussi à "passer outre" ce pessimisme. "Si on avait attendu que les deux puissances soient d'accord, il n'y aurait jamais eu cette réunion. La crispation, elle est là, elle est profonde. Malheureusement, depuis une décennie, il n'y a pas eu de volonté des deux pays" de se mettre sérieusement autour de la table. "J'ai l'impression qu'il va falloir attendre le départ de Netanyahou et d'Abbas. Car toutes les enquêtes d'opinion indiquent une volonté des populations d'une solution à deux Etats. Mais cela se fera à moyen terme, davantage que sur du cours terme".

"La France n'a pas la possibilité d'évincer les Etats-Unis". Autre élément qui vient perturber la rencontre de ce dimanche : la décision de Donald Trump de transférer l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem. Le président élu américain a promis durant sa campagne électorale de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël. Il romprait ainsi avec la politique historique des Etats-Unis qui est aussi celle de la très grande majorité de la communauté internationale, pour qui le statut de Jérusalem, également revendiquée par les Palestiniens comme capitale de leur futur Etat, doit se régler par la négociation.

"La France n'a en aucun cas la possibilité d'empêcher une administration américaine de transférer son ambassade. Elle n'a pas la possibilité d'évincer les Etats-Unis ni la Russie. En revanche, il s'agit de marquer d'une pierre blanche une nouvelle période et le retour de la France dans la région", commente Frédéric Encel. 

 

Invité(s) : Frédéric Encel, géopoliticien et spécialiste du Moyen-Orient