Carlos Ghosn devrait prendre la parole devant les médias la semaine prochaine. 2:56
  • Copié
Séverine Mermilliod
Bertille Bayart, journaliste au "Figaro" et auteur du livre "Le piège" sur Carlos Ghosn, revient pour Europe 1 sur la fuite de ce dernier au Liban alors qu'il était assigné à résidence à Tokyo dans des conditions très strictes, dans l'attente d'un procès qui devait avoir lieu en 2020.
INTERVIEW

L'ancien patron de l'alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a confirmé sa fuite au Liban lundi soir, alors qu'il était assigné à résidence au Japon dans l'attente de son procès pour malversations financières. Bertille Bayart, journaliste au Figaro et auteur du livre Le piège sur Carlos Ghosn, revient sur ce nouveau rebondissement au micro d'Europe 1. "Ce serait très présomptueux de dire que c'était prévisible. Très peu de personnes devaient être dans la confidence, et même ses avocats japonais ont dit qu'ils n'étaient pas au courant et tout aussi surpris que tout le monde", soulève la journaliste.

Il y a selon elle une forme de logique à cette chute. "Depuis le début, cette affaire est rocambolesque, pleine de rebondissements. On l'a écrit [Le piège] comme un polar et cette évasion s'inscrit formidablement bien dans cette histoire".

"Je n'imagine pas qu'il envisage de revenir au Japon pour ce procès"

L'avocat de Carlos Ghosn s’est déclaré "abasourdi" par la nouvelle de cette fuite qu’il "comprend" mais considère "impardonnable". Selon Bertille Bayart, l'ancien PDG a maintenant l'intention de se soustraire à son procès.

"Je n'imagine pas qu'il envisage d'une quelconque façon de revenir au Japon pour ce procès. Cela me semble tout à fait improbable et s'il comptait le faire, je crois que ce qui l'attend au Japon serait une nouvelle arrestation", suppose la journaliste du Figaro. "Et, cette fois-ci, assortie d'une incarcération puisqu'il a échappé à son contrôle judiciaire. Je ne vois pas la justice japonaise lui faire la fleur de l'autoriser à participer à un procès sans être en état d'arrestation".

La question reste maintenant de savoir, d'après elle, s'il va essayer de continuer à se défendre depuis le Liban, ou laisser les choses en l'état, maintenant qu'il a fui. "Je pense que Carlos Ghosn va faire la démonstration, qu'il a déjà faite, de son innocence selon lui. Et puis certainement va-t-il encore mettre en cause à la fois le rôle de Nissan et du système japonais dans son arrestation en 2018", précise Bertille Bayart, à propos de l'éventuelle prise de parole devant les médias de Carlos Ghosn la semaine prochaine.