Etats-Unis : pas de clémence pour un condamné à mort malade mental

Les avocats du prisonnier assurent qu'il souffre de délires mentaux qui ont été minimisés au moment de son procès.
Les avocats du prisonnier assurent qu'il souffre de délires mentaux qui ont été minimisés au moment de son procès. © CAROLINE GROUSSAIN / AFP
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avec AFP
Les avocats du prisonnier assurent qu'il souffre de délires mentaux qui ont été minimisés au moment de son procès.

Le gouverneur de l'Etat américain de la Virginie a refusé jeudi d'accorder un sursis de dernière minute à un condamné à mort souffrant selon ses défenseurs de graves troubles psychiatriques. William Morva, un meurtrier à la double nationalité hongroise et américaine, doit recevoir une injection létale à 21 heures (3 heures vendredi en France). "Au terme d'un réexamen approfondi et après mûre réflexion (...) j'ai rejeté le recours de Monsieur Morva", a annoncé dans un communiqué le gouverneur démocrate Terry McAuliffe.

Les avocats du prisonnier de 35 ans assurent qu'il souffre depuis longtemps de délires mentaux, qui ont été minimisés à son procès. Ils affirment que Monsieur Morva est incapable d'évaluer les conséquences de ses actes, mais qu'il a pourtant été décrit comme doué de raison par les procureurs.

"Monsieur Morva a bénéficié d'un procès équitable." Monsieur McAuliffe n'a cependant pas été convaincu. "Le recours de Monsieur Morva se fonde sur le diagnostic d'un psychiatre qui l'a examiné presque sept ans après son procès et sa condamnation", a souligné le gouverneur. "Je suis arrivé à la conclusion que Monsieur Morva a bénéficié d'un procès équitable et que le jury s'est vu présenter suffisamment d'éléments sur sa santé mentale avant de le condamner conformément à la loi en vigueur en Virginie", a ajouté Terry McAuliffe.

Rappelant qu'il était opposé à la peine capitale, cet élu catholique a justifié sa décision par son serment de faire appliquer la loi indépendamment de ses convictions personnelles. Deux responsables des Nations unies et de nombreuses autres voix aux Etats-Unis et ailleurs avaient appelé le gouverneur à commuer la peine de mort de William Morva.

"Nous sommes inquiets de la détérioration de sa condition psycho-sociale", avaient déclaré Agnès Callamard et Dainius Puras, rapporteurs spéciaux de l'ONU respectivement sur les exécutions arbitraires et le droit à la santé.

Deux policiers assassinés. William Morva avait été emprisonné dans les années 2000 pour une tentative de vol à main armée. Un jour d'août 2006, soigné à l'hôpital pour des blessures bénignes, il avait réussi à assommer le policier chargé de le surveiller et à prendre son arme. 

Il avait alors fait feu sur un garde de sécurité, Derrick McFarland, qu'il avait tué. Le lendemain, alors qu'il était la cible d'une chasse à l'homme autour du campus universitaire de Virginia Tech, il avait également tué par balle un policier, Eric Sutphin. Les deux victimes étaient pères de famille.

Jeune, William Morva était connu pour ses diatribes conspirationnistes, pour marcher pieds nus en plein hiver et pour dormir parfois dans la forêt enfoui sous les feuilles d'arbre.