Sarah Halimi : un "déni de justice" pour les avocats de la famille

La qualification antisémite n'a pas été retenue lors de la mise en examen de l'homme qui a roué de coup et défenestré une femme début avril à Paris.
La qualification antisémite n'a pas été retenue lors de la mise en examen de l'homme qui a roué de coup et défenestré une femme début avril à Paris. © AFP
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avec AFP
La qualification antisémite n'a pas été retenue lors de la mise en examen de l'homme qui a roué de coup et défenestré une femme début avril à Paris.

Les avocats des enfants de Sarah Halimi, tuée par son voisin musulman en avril à Paris, ont dénoncé mardi un "déni de justice", la qualification antisémite n'ayant pas été retenue lors de la mise en examen de Kobili Traoré. Au vu de son audition, le suspect est "quelqu'un de tout à fait cohérent qui se rappelle de tout avec force détails", s'est étonné Me Jean-Alex Buchinger, lors d'une conférence de presse. "Le caractère antisémite, c'est l'évidence (...). Et j'ai le sentiment qu'on peut parler de déni de justice", s'est-il indigné.

Une mise en examen uniquement pour homicide volontaire, sans retenir la préméditation ni la circonstance aggravante antisémite, "c'est vouloir banaliser purement et simplement cette affaire, banaliser l'acte terroriste, l'acte islamiste, l'acte antisémite", a-t-il ajouté. "Les enfants ont besoin de faire leur deuil. (...) Et tant qu'on est dans un doute et dans des interrogations, le deuil ne peut pas commencer", a déclaré à ses côtés Joël Mergui, président du Consistoire central israélite de France.

Jamais eu de problèmes "avec des juifs". "Mon client considère qu'il s'agit d'un véritable déni de justice", s'insurge l'autre avocat d'un fils de la victime dans des lettres adressées mardi aux juges d'instruction et au parquet de Paris. "Il n'est pas possible (...) de ne pas mettre dans le débat judiciaire ce qui interpelle une grande partie de la société allant de sa base jusqu'à même le président de la République", souligne Me David-Olivier Kaminski, deux jours après l'évocation du drame par Emmanuel Macron lors de la commémoration du Vel d'Hiv. "Je ne suis pas antisémite", "je n'ai jamais eu de problèmes avec des juifs auparavant", a déclaré Kobili Traoré à la juge d'instruction venue l'entendre pour la première fois à l'hôpital psychiatrique le 10 juillet, selon une source proche du dossier.

"J'ai tué le sheitan". Cet homme de 27 ans admet qu'il connaissait la religion de sa victime, une juive orthodoxe de 65 ans, en raison de "sa façon de s'habiller" et car ses enfants, "quand ils venaient, ils avaient la kippa". Le 4 avril, aux cris d' "Allah Akbar", entrecoupés d'insultes et de versets du Coran, il avait roué de coups sa victime. "Ensuite je ne sais pas ce qui m'a pris, je l'ai soulevée et jetée par la fenêtre", a-t-il relaté à la juge. Lucie Attal, aussi appelée Sarah Halimi - nom de son ex-époux - est morte dans la chute. "J'ai tué le sheitan" (le démon, en arabe), avait hurlé le jeune homme. "Je me sentais comme possédé", "oppressé par une force extérieure, une force démoniaque", a expliqué le jeune homme, pris de "bouffées d'angoisse" depuis la veille et qui affirme avoir fumé plus d'une dizaine de joints de cannabis ce jour-là. Une expertise psychiatrique, qui doit notamment déterminer si Kobili Traoré était pénalement responsable au moment des faits, est attendue avant la fin de l'été.