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Gauthier Delomez
Alors que les amateurs d'escalade sont de plus en plus nombreux dans les salles partout en France, les "ouvreurs", chargés de créer les différents parcours, sont très sollicités. Dans l'émission "La France bouge", le cofondateur d'une entreprise spécialisée dans le secteur évoque ce métier particulier, qui allie force physique et imagination.

"C'est un métier assez atypique qui n'existe que dans l'escalade", explique Grégoire de Belmont, cofondateur d'Arkose, un des leaders français dans le domaine. Avec le boom de l'escalade, qui connait un engouement notamment depuis son arrivée aux Jeux olympiques, le métier d'ouvreur s'est développé ces dernières années. Il s'agit des personnes qui placent les prises sur les murs pour créer ainsi différents parcours. Dans l'émission La France bouge, l'entrepreneur ajoute que ces cheminements ont besoin d'être renouvelés régulièrement.

En réalité, les clients habituels "ont besoin d'avoir de nouveaux cheminements pour changer un peu, pour varier les plaisirs et avoir toujours un intérêt à venir essayer", affirme Grégoire de Belmont au micro d'Élisabeth Assayag.

Des professionnels qui créent des "œuvres d'art"

Dans les vingt salles dont dispose l'entreprise en France, les parcours sont renouvelés plusieurs fois par semaine par les ouvreurs. "Ce sont des gens non seulement très forts grimpeurs, mais aussi très créatifs. C'est quelque part une œuvre d'art d'arriver à positionner les prises aux bons endroits pour que ce soit joli à regarder, et qu'on ait envie d'y aller", raconte le cofondateur d'Arkose.

"En plus, il faut que ces parcours soient 'homogènes'", poursuit Grégoire de Belmont. "On a plusieurs niveaux de difficulté, on peut venir grimper en étant grand débutant ou très expert, et donc on différencie (les parcours) comme les pistes de ski. Chaque couleur représente une difficulté", détaille l'entrepreneur.

Un centre de formation spécialement dédié

Ce métier particulier d'ouvreur n'est pas adapté à n'importe qui. Il faut que la personne soit capable "d'ouvrir pour un grand débutant comme pour quelqu'un de l'équipe de France, c'est un métier très difficile", admet le cofondateur d'Arkose, dont l'entreprise a dû ouvrir un centre de formation dédié pour recruter de nouveaux ouvreurs. "Les perles rares qui font ce métier-là n'existent plus parce qu'il y a beaucoup de salles d'escalade, et ils sont embauchés."

La formation, reconnue par les organismes compétents, se déroule en alternance. "Les gens sont chez nous en CDD pendant six mois, ils sont payés. Pendant ce temps-là, on les forme et à l'issue de ce contrat, on les embauche, sauf accident", précise Grégoire de Belmont, évoquant le cas de personnes qui veulent faire finalement autre chose après la formation.

Être bon grimpeur et s'imaginer le parcours en 3D

Pour devenir ouvreur, il faut être "un bon grimpeur et savoir se représenter en 3D parce que l'on doit imaginer les passages que l'on crée sur les murs. Il faut savoir se remettre en question parce que c'est beaucoup d'humilité. On peut s'apercevoir après la journée de travail que finalement, ce passage-là est nul ou ne marche pas, et donc il faut recommencer à zéro. Et il faut de la passion."

En général, les ouvreurs travaillent deux jours par semaine dans une salle. "Ils arrivent à 8 heures du matin, ils trouvent une section de murs qui a été entièrement nettoyée et vidée de ses prises la nuit. C'est une page blanche sur laquelle ils vont créer douze nouveaux passages à deux, pendant huit-neuf heures de travail", expose l'entrepreneur. Un métier bien rémunéré selon lui, toutefois, "ces gens-là ne peuvent pas faire un temps plein là-dessus parce que c'est un métier hyper intense musculairement".