Aretha Franklin "a eu un impact vraiment universel"

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Sébastien Danchin, biographe d’Aretha Franklin et historien spécialiste des musiques afro-américaines, décrypte la portée universelle de la musique de la chanteuse américaine, morte jeudi. 
INTERVIEW

La "Reine de la soul" est partie, et avec elle un pan de l'histoire américaine, au-delà de la musique. Sébastien Danchin, biographe d’Aretha Franklin et historien spécialiste des musiques afro-américaines, a décrypté jeudi, dans Europe Soir, comment la chanteuse américaine, disparue jeudi à 76 ans, est devenue une icône dans le monde entier. 

"Ce n'était pas une féministe affirmée". "C'est quelqu'un qui a eu un impact vraiment universel (...) Elle est devenue, d'une certaine manière sans le vouloir, une sorte de passionaria féminine parce qu'elle a adopté des positions de défenses de la femme. Ce n'était pas une féministe affirmée, elle avait un discours que beaucoup jugeraient un peu rétrograde. Elle vient d'un milieu où régnait un machisme assez soutenu, traditionnel à cette époque-là, donc le fait qu'elle ait pu affirmer son indépendance de cette façon-là, c'était déjà très révolutionnaire". 

 

"Représentante majeure" de la musique noire-américaine. Également spécialiste des musiques afro-américaines, l'historien rappelle également le contexte historique, qui a fait d'Aretha Franklin une légende du 20e siècle. "Sa musique s'inscrit dans une tradition qui est celle du blues, du gospel, du jazz, et aujourd'hui du hip-hop. C'est une musique qui touche le monde entier", explique Sébastien Danchin. "Depuis plus d'un siècle, la musique noire-américaine est devenu un peu le leader des musiques populaires dans le monde et dont elle était la représentante féminine majeure de l'école d'après-guerre", poursuit le spécialiste. 

>> Écoutez l'interview de Sébastien Danchin : 

Elle chante Respect à un "moment charnière". Évidemment, la chanson Respect a contribué à sa reconnaissance mondiale. "Cette chanson qu'elle a empruntée à Otis Redding et dont elle a fait l'hymne international qu'on connaît aujourd'hui arrive en 1967, juste l'été du "Summer of love". C'est un moment charnière dans l'histoire des États-Unis, où il y a un éveil des consciences par rapport à la guerre du Vietnam, un éveil des consciences sociales et la fin du mouvement des droits civiques", incarné par Martin Luther King. 

"Des funérailles pratiquement nationales". "Sa façon de prendre les armes, ça a été de chanter. On restait dans la non-violence, mais on était en même temps dans une affirmation très forte", analyse Sébastien Danchin, qui s'attend à des funérailles à la hauteur de sa réputation. "Ce sera pratiquement des funérailles nationales, comparables à ce qu'on a connu avec Michael Jackson, et peut-être même plus universel", conclut-il.