Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy seront tous deux présents dimanche sur le plateau des Glières, haut lieu symbolique de la Résistance.
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Aurélie Herbemont avec et AFP , modifié à
"Moment républicain", manœuvre politique ou les deux ? L'ancien et l'actuel chef de l'Etat commémorent dimanche le 75e anniversaire des combats du plateau des Glières. 

Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy se rendent ensemble au plateau des Glières, en Haute-Savoie, pour commémorer le 75e anniversaire des combats au cours desquels une centaine de maquisards furent tués en 1944 par des soldats allemands et des miliciens français. Nicolas Sarkozy avait fait de cet endroit un lieu de pèlerinage à partir de 2007, se rendant sur place à de nombreuses reprises durant son quinquennat. L'ancien et l'actuel chef de l'Etat afficheront donc une nouvelle fois leur complicité.

Une entente où chacun trouve son intérêt. "On ne peut pas reprocher à un jeune président de prendre les bonnes idées d'un ancien président", savoure ainsi un sarkozyste, interrogé par Europe 1. À l'Élysée, on le reconnait, c'est Nicolas Sarkozy qui "a contribué à ancrer les commémorations aux Glières dans la mémoire collective". Les deux présidents s'y rendront donc ensemble, signe de leur bonne entente. Une entente où chacun trouve son intérêt.

Nicolas Sarkozy, sensible aux petites attentions du chef de l'État, rappelle ainsi à son camp qu'il a été président. Quant à Emmanuel Macron, il s'affiche avec une personnalité très populaire à droite, un électorat qu'il s'emploie à séduire. Il n'y a "aucune dimension politique", jure pourtant l'entourage de l'ex-président, parlant d'un moment "républicain". La droite, aussi, banalise : "deux présidents présents à une commémoration, quoi de plus normal", balaye une candidate aux élections européennes.

Laurent Wauquiez sera présent. Nicolas Sarkozy a d'ailleurs prévenu Laurent Wauquiez, le patron de LR, qui pourra être témoin de la complicité entre les deux hommes. Il assistera à la cérémonie en tant que président de région. Après une allocution à la nécropole, Emmanuel Macron, qui sera accompagné des ministres Jean-Michel Blanquer et Geneviève Darrieussecq, se rendra sur le plateau où a été érigé en 1973 un monument national à la Résistance, avant de déjeuner avec des élus. Le déplacement pourrait toutefois être perturbé par des "gilets jaunes" de la région qui, sur les réseaux sociaux, réfléchissent à la manière de mener une action commune aux Glières.

 

Que s'est-il passé le 26 mai 1944 aux Glières ?

Ce haut plateau calcaire situé dans le massif des Bornes à 1.450 mètres d'altitude est un haut lieu symbolique de la Résistance, malgré une récente remise en cause de l'ampleur de la bataille qui s'y est jouée. Lieu difficile d'accès, les Glières étaient pour la Résistance locale le lieu idéal pour recevoir des parachutages d'armes des alliés. Mais le 31 janvier 1944, le gouvernement de Vichy, sur l'injonction des autorités allemandes, décide d'en finir avec la Résistance et met le département en état de siège. Le 26 mars 1944, une attaque mobilise soldats allemands et miliciens français avec des moyens disproportionnés face aux 465 maquisards présents sur le Plateau. Ces derniers reçoivent l'ordre de "décrocher" du plateau dans la soirée.

Mais 129 maquisards et 20 résistants des vallées ne peuvent échapper à l'encerclement : 124 sont tués lors du combat ou fusillés, 9 disparaissent et 16 mourront en déportation. À partir de ce moment, la bataille des Glières devient, grâce à la radio de Londres, le symbole de la Résistance française. Cette version est toutefois contestée par certains historiens. Selon Claude Barbier qui a eu accès à des archives inexploitées et écrit une thèse en 2011 sur le sujet, "il n'y a pas eu de bataille à Glières" mais une répression féroce de la part des soldats allemands et des forces de Vichy sur des maquisards en repli, affamés et exténués.