Mao Ning 1:13
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Sébastien Le Belzic (à Pékin), avec AFP , modifié à
Ce lundi, Pékin a vigoureusement contesté les accusations américaines concernant l'origine du Covid-19. Selon un nouveau rapport du renseignement américain, la thèse d'un accident de laboratoire à Wuhan, épicentre de la pandémie, est privilégiée. La Chine s'estime "salie" par ces nouvelles accusations. 

Pékin a formellement démenti ce lundi les accusations américaines concernant l'origine du Covid-19. Un nouveau rapport du renseignement américain penche en faveur de la thèse d'un accident de laboratoire à Wuhan. La Chine s'estime "salie" par ces nouvelles accusations. Ce rapport de la direction nationale américain relance la polémique sur les origines du Covid-19 alors même que les autorités chinoises affirment que la page de la pandémie est tournée. Selon ce nouveau rapport fourni à la Maison Blanche et au Congrès américain, l'hypothèse d'une fuite de laboratoire à Wuhan ne doit pas être écartée.

Pour Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, ceci est une manœuvre politique. "Il convient de cesser d'agiter cette théorie d'une fuite de laboratoire, d'arrêter de salir la Chine et d'arrêter de politiser la recherche des origines du virus", a affirmé une porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Mao Ning, lors d'un point de presse régulier.

"Une fuite d'un laboratoire est hautement improbable"

Pékin réagissait au récent changement d'analyse au sein du ministère américain de l'Energie. Celui-ci chapeaute des laboratoires de biologie et retiendrait désormais, "avec un faible niveau de confiance", la piste d'une fuite de laboratoire en Chine, sur la foi du nouveau rapport d'une agence de renseignement révélé dimanche par le Wall Street Journal et le New York Times. "Des experts de la Chine et de l'OMS, sur la base de visites sur le terrain dans des laboratoires de Wuhan et d'échanges approfondis avec des chercheurs, ont établi la conclusion, qui fait autorité, selon laquelle l'option d'une fuite d'un laboratoire est hautement improbable", a insisté Mao Ning.

Dans une réaction lundi, l'Organisation mondiale de la santé a indiqué "avoir vu les articles de presse mais n'avoir reçu aucune information" à ce sujet. "L'OMS et le SAGO (Groupe consultatif scientifique sur les origines des nouveaux agents pathogènes, ndlr) vont continuer d'examiner tous les éléments scientifiques disponibles qui pourraient contribuer à faire progresser la connaissance des origines du SARS CoV 2, et nous appelons la Chine ainsi que la communauté scientifique à entreprendre les études nécessaires pour cela", a déclaré Tarik Jasarevic, un porte-parole de l'organisation. "Dans l'attente de davantage d'éléments, toutes les hypothèses restent sur la table", a-t-il ajouté.

Une piste retenue par le FBI

Trois ans après le début de la pandémie, l'origine du virus qui a tué près de 7 millions de personnes dans le monde et bousculé la marche du globe reste toutefois encore indéterminée. En février 2021, des experts de l'OMS et des scientifiques chinois avaient jugé "hautement improbable" la piste d'un accident à l'institut de virologie chinois de Wuhan, et privilégié l'hypothèse d'une origine naturelle du virus et d'une transmission à l'homme par un animal "intermédiaire".

Depuis, l'hypothèse d'une manipulation en laboratoire couplée à une fuite accidentelle a toutefois ressurgi notamment aux Etats-Unis où cette piste est, selon le Wall Street Journal, notamment retenue par le FBI. Signe que le débat reste ouvert aux Etats-Unis. Quatre agences de renseignement américaines estiment, elles, que le Covid est d'origine naturelle et deux demeurent indécises, selon la recension du Wall Street Journal. "Pour l'instant, aucune réponse définitive de la communauté du renseignement n'a émergé sur la question", a résumé dimanche sur CNN le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.

Mi-février, le patron de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus s'est personnellement engagé à tout faire pour obtenir "une réponse" sur les origines du Covid-19, démentant fermement des informations selon lesquelles l'organisation aurait renoncé à finaliser son enquête sur le sujet.