Guerre en Ukraine : un ancien commandant de Wagner raconte la «brutalité» du groupe paramilitaire

Andreï Medvedev, ancien commandant au sein du groupe Wagner.
Andreï Medvedev, ancien commandant au sein du groupe Wagner. © Capture d'écran CNN
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Romain Rouillard , modifié à
Dans une interview exclusive accordée à CNN, Andreï Medvedev, un ancien mercenaire du groupe paramilitaire russe Wagner, a accepté de décrire l'extrême brutalité qui règne au sein de l'organisation. Des méthodes cruelles qui s'accompagnent d'une étonnante impréparation sur le volet militaire.

C'est une organisation paramilitaire qui suscite l'effroi aux quatre coins du monde. Le groupe russe Wagner œuvre pour les intérêts de la Russie en Centrafrique, en Syrie, en Libye mais également en Ukraine où la guerre bat son plein. Leurs méthodes, réputées comme étant particulièrement violentes, ont été dévoilées au grand jour ce mardi par un ancien mercenaire dans une interview exclusive accordée à CNN. Alors qu'il occupait un poste de commandant, Andreï Medvedev, 26 ans, a choisi de faire défection, écœuré par la "brutalité" dont il a été témoin en Ukraine.

Auprès de CNN, le jeune homme décrit d'abord le sort réservé aux réticents : "Ils rassemblaient ceux qui ne voulaient pas se battre et les tuaient devant les nouveaux venus. Ils ont amené deux prisonniers qui refusaient d'aller se battre et ils les ont abattus devant tout le monde et les ont enterrés directement dans les tranchées creusées par les stagiaires". L'ancien commandant confie avoir pris la décision de déserter seulement six jours après son déploiement en Ukraine, ayant vu ses troupes transformées en "chair à canon".

"Il n'y avait aucune véritable tactique" 

Une violence extrême à laquelle il faut ajouter un manque criant de préparation, selon Andreï Medvedev. "Il n'y avait aucune véritable tactique. Nous avons juste reçu des ordres sur la position de l'adversaire… Il n'y avait pas d'ordres précis sur la façon dont nous devions nous comporter. Qui ouvrirait le feu, quel genre de travail nous aurions, comment cela se passerait-il, tout cela était notre problème".

Le jeune homme expérimente une dernière fois la barbarie de Wagner en tentant de fuir les théâtres d'opération. "J'ai échappé à l'arrestation au moins dix fois", prétend le jeune homme qui dit également avoir esquivé à plusieurs reprises les balles des forces russes qui s'étaient lancées à ses trousses. Finalement, Andreï Medvedev parvient à franchir la frontière norvégienne via le nord de la Russie au prix d'un périple rocambolesque qui l'a conduit, selon ses dires, à traverser une rivière gelée, paré d'une tenue de camouflage blanche.

"Tôt ou tard, la propagande de la Russie cessera de fonctionner"

L'ex-militaire trouve ensuite refuge à Oslo où il a donc décidé de livrer ses quatre vérités. Une démarche qui doit, selon lui, aider à traduire en justice Vladimir Poutine ainsi qu'Evgueni Prigojine, l'oligarque russe, fondateur du groupe Wagner. "Tôt ou tard, la propagande en Russie cessera de fonctionner, le peuple se soulèvera", prédit-il.  

De son côté, le groupe Wagner a tenté de saper la crédibilité de l'ancien commandant dans une interview accordée au journal norvégien Aftenposten. "Il aurait dû être poursuivi pour avoir tenté de maltraiter des prisonniers. Des documents détaillés sont disponibles auprès du service de sécurité de Wagner et ils devaient être remis aux autorités russes. Jusqu’à présent, il était sur la liste des personnes recherchées. Faites attention, il est très dangereux". Depuis la fin du mois de janvier, Wagner est qualifié d'"organisation criminelle internationale" par les États-Unis