Ils quittent le lycée pour aller faire le djihad en Syrie

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Charles Carrasco avec Pierre de Cossette, Sébastien Krebs et Loïse Delacotte à Toulouse , modifié à
INFO E1 - Les deux ados toulousains n'ont prévenu personne. Une enquête a été ouverte par le parquet antiterroriste.

L’INFO. "Ce n'est pas une fugue de mineurs, on est dans un cadre tout à fait différent", a affirmé le procureur Michel Valet qui a reconnu être frappé par leur âge. Deux lycéens toulousains de 15 ans sont partis le 6 janvier dernier pour la Turquie puis ont rejoint un groupe d’Al-Qaïda en Syrie pour faire le djihad, a raconté le père de l’un d’eux à La Dépêche du Midi.

Le parquet de Paris a ouvert le 7 janvier dernier une enquête préliminaire après leur départ, selon les informations recueillies par Europe1. Le dossier à été confié à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).

"Je suis déjà loin". Le 6 janvier dernier, l’un des deux lycéens prend le bus pour se rendre à son établissement scolaire. En temps normal, il rentre vers 17h30. Mais ce jour-là, ses parents restent sans nouvelle. Selon le père, un inconnu aurait appelé l’établissement afin de justifier l’absence de l’adolescent et explique qu’il a reçu, le soir même, un appel de son fils : "je suis parti, je suis déjà loin, ne vous inquiétez pas." Les parents alertent la gendarmerie. Le père découvrira plus tard que son fils lui a pris sa carte bancaire pour acheter deux billets d'avion sur Internet pour la Turquie. Et qu'il a ensuite passé la frontière vers la Syrie. Tout cela avec un simple passeport, alors qu'il est mineur.

Un lavage de cerveau. Le lycéen est scolarisé en seconde. Son père le décrit comme un adolescent sérieux, un délégué de classe qui a toujours bien travaillé. Il ne parle pas l'arabe et ne l'écrit pas non plus. Il a été élevé dans la confession musulmane, dans le respect des autres, assure son père. Il pense que son fils a subi un "lavage de cerveau", qu’il a été endoctriné. Sur son ordinateur, il a retrouvé des vidéos de propagande.

>>> "C’est une question de vie ou de mort. Cela peut toucher n’importe quel enfant (...) Pour moi, c’est un fléau, un cancer. C’est une maladie grave qui peut contaminer tout le monde", assure le père de l'adolescent au micro d'Europe 1 :

Djihad en Syrie : "un fléau"par Europe1fr

Son père va en Turquie. Les dernières nouvelles de son fils, il les a eues mardi. C’était un appel, en provenance de Syrie, de son fils, qui aujourd’hui combat avec ses "frères" d’Al-Qaïda, comme ils les appellent. Il l’a prévenu qu'il le rappellera dans un mois, en précisant : "si je suis encore en vie". Son père a tout essayé. Il a même fait le voyage en Turquie pour essayer de comprendre. Aujourd'hui, il ne cache pas son désarroi et sa colère contre ces réseaux qui, selon lui, ont des recruteurs en France. "Ils salissent l'islam", affirme son père dans La Dépêche du Midi. "Je les hais. Je ne pardonnerai jamais", renchérit-il.  

Un appel aux autorités. Deux autres Toulousains de 22 et 30 ans sont déjà morts en Syrie ces derniers mois. Le père de cet adolescent lance donc un appel aux autorités : "Cette affaire ne concerne pas que notre fils. Elle concerne beaucoup de Français. C’est quelque chose de grave qu’il ne faut pas prendre à la légère".

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