Coronavirus : vers la fin du droit au remboursement des billets d'avion ?

Aéroport, coronavirus, Allemagne
Quinze pays de l'Union européenne demandent la suspension du droit au remboursement des billets d'avion déjà achetés. © AFP
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Isabelle Ory, édité par Mathilde Durand , modifié à
Seize pays européens, dont la France, demandent la suspension du droit au remboursement des billets d'avion déjà achetés, pour les remplacer par des avoirs, afin de soulager les compagnies aériennes déjà en grande difficulté. La Commission européenne, jusqu'ici du côté des consommateurs, est sous pression. 

Que va-il se passer pour les billets d’avions déjà réservés ? La législation européenne prévoit le remboursement du titre de transport en cas d’annulation des vols. Cependant, à cause du coronavirus, les compagnies aériennes traversent une crise sans précédent. La France, et une quinzaine de pays européens, montent au créneau et demandent à Bruxelles de suspendre le droit au remboursement. A la place, ils voudraient contraindre les passagers à accepter des bons d’achats, valables pour une longue période, qui pourraient in fine être remboursés s’ils n’ont pas été utilisés.

9 milliards d'euros de billets à rembourser 

La demande émanait à l'origine de douze pays de l'Union européenne : la Belgique, la Bulgarie, Chypre, la République tchèque, la Grèce, la France, l'Irlande, la Lettonie, Malte, les Pays-Bas, la Pologne et le Portugal. Ils ont ensuite été soutenu par de nouveaux pays, dont l'Allemagne et l'Espagne, après la réunion des ministres du Transport européens.

La logique des Etats est claire : les gouvernements sont en train de dégainer des milliards d'euros d'argent public pour sauver les compagnies, inutile d'aggraver la facture pour le contribuable. Et elle est salée, les billets à rembourser représenteraient plus de 9 milliards d'euros à l'échelle de l'Europe. 

Les compagnies en difficulté 

"Le problème pour les compagnies aériennes est simple : elles n'ont plus aucune recettes, donc elles vivent encore sur la trésorerie accumulée", a expliqué Alain Battisti, président de la Fédération nationale de l'aviation marchande (FNAM) et président de la compagnie Chalair Aviation sur Europe 1. "Le choix des patrons de compagnie aérienne dans le monde et en Europe c’est de savoir s’ils vont faire les payes du mois d’avril, du mois de mai ou rembourser les passagers."

Il appelle à l'aide l'Etat pour aider toutes les compagnies aériennes afin de trouver des solutions "responsables". "Il ne s'agit pas de spolier nos passagers, nous sommes des gens responsables", assure-t-il. 

La Commission du côté des consommateurs 

En face, les associations de consommateurs rétorquent que ce n'est pas aux passagers de payer la facture. En effet, eux aussi sont frappés par la crise, certains ont perdu leur emploi. Ils ne sont pas des banques, chargées de faire crédit aux compagnies aériennes, rappelle les associations.

 

Jusqu'à présent, la Commission européenne est plutôt du côté des consommateurs. Elle résiste aux Etats en expliquant que l'Europe aide les compagnies aériennes autrement : en facilitant les prêts et en autorisant les aides des gouvernements par exemple. Mais la pression sur Bruxelles devient de plus en plus forte.