Une de Charlie Hebdo sur Mahomet : "c'est notre Une"

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avec Mathieu Charrier , modifié à
NUMÉRO SPÉCIAL - Pour le premier numéro publié après la tuerie dans la rédaction de l'hebdomadaire, Luz représente le prophète tenant une pancarte "Je suis Charlie".

Mahomet est Charlie. Ils voulaient faire un numéro normal. A voir la Une du numéro 1178 de Charlie Hebdo, le premier après l'attentat au sein de la rédaction mercredi dernier, les rescapés de la tuerie ont tenu parole. Sur un dessin, signé Luz, Mahomet, une larme à l'oeil, tient une pancarte "Je suis Charlie", sous le titre "Tout est pardonné". Tiré à 3 millions d'exemplaires, soit soixante fois plus de d'habitude, distribué dans 25 pays et traduit en anglais, espagnol et arabe pour la version numérique et en italien et turc pour la version papier, l'hebdo sera vendu dès mercredi.

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"C'est notre Une". Mardi, Luz ainsi que le rédacteur en chef, Gérard Biard, Patrick Pelloux, l'urgentiste et collaborateur du journal, ainsi que l'avocat de Charlie, ont tenu une conférence de presse pour expliquer cette Une. "J'ai dessiné Mahomet, la pancarte "Je suis Charlie". Je l'ai regardé, il pleurait. J'ai pleuré aussi. J'ai ajouté "Tout est pardonné". Et on avait trouvé notre Une, on avait enfin notre putain de Une !", a raconté Luz. "C'était pas la Une que le monde voulait qu'on fasse, que les terroristes voulaient qu'on fasse. Mais c'est notre Une", a-t-il ajouté.

une charlie 1280

"Habemus la Une".  Lundi soir, Europe 1 avait pu assister au bouclage de la Une du journal. "Habemus la Une !", s'est réjoui Gérard Biard, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, juste après 21 heures, sous les applaudissements. "C’est Luz, dans un mélange de chaos et de tensions. Mais, ceci dit, c’est un peu le cas chaque lundi. Sauf que là, c’était à la puissance 300", poursuit-il. Le dessinateur avait été choisi pour faire ce dessin, mais chacun a voulu y mettre un peu du sien. Il fallait plusieurs éléments : le prophète Mahomet, le slogan "Je suis Charlie", tout ça sans rajouter d'huile sur le feu.

Les 15 dessinateurs de Charlie Hebdo avaient travaillé sans relâche, toute la journée, enfermés dans une pièce pour boucler ce numéro si spécial. Le bouclage a donc été un soulagement pour tous. Mais "quand c’est long à venir, c’est encore meilleur", assure Gérard Biard.

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"Aucun doute sur le sujet de Une". "On s’est posé la question principale : 'qu’est-ce qu’on veut dire , qu’est-ce qu’on doit dire, et de quelle façon on doit le dire ?'. C’est ce qu’on fait tous les lundis. La seule chose qui changeait, c’est que là, on n’avait aucun doute sur le sujet d’actualité qui allait faire la Une. Malheureusement, on n’avait aucun doute", explique Gérard Biard.

Après cette explosion de joie, l'équipe de Charlie Hebdo a ensuite fini de boucler le journal, où l'on retrouvera notamment des dessins inédits des cinq dessinateurs tués mercredi. Tout ça dans l'humeur Charlie, bière et vin rouge à l'appui. Les larmes de tristesse ont laissé place aux larmes de soulagement.