Le premier débat de l'élection présidentielle américaine s'est tenu mardi sous haute tension. 3:00
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Séverine Mermilliod , modifié à
Noms d'oiseaux et cacophonie : mardi, le premier débat présidentiel entre Donald Trump et Joe Biden a viré au chaos, avec un modérateur dépassé. Roger Cohen, éditorialiste au "New York Times", analyse pour Europe 1 ce "spectacle honteux" durant lequel le président sortant ne s'est "jamais adressé au peuple américain".
ANALYSE

"Vous êtes le pire président que les Etats-Unis aient jamais eu", a asséné mardi Joe Biden, candidat démocrate à la présidentielle américaine, à son rival sortant Donald Trump, lors de leur premier débat télévisé dans l'Ohio. "Il n'y a rien d'intelligent en vous", a riposté ce dernier. Invité d'Europe 1, Roger Cohen, éditorialiste au New York Times, estime que personne ne sort vraiment gagnant de ce "spectacle honteux", mais que Joe Biden tire son épingle du jeu en s'étant directement "adressé au peuple américain", contrairement au Président, notamment sur le résultat du vote. 

"Il nous regardait nous"

"Il est difficile de parler d'un gagnant d'un spectacle aussi honteux : ils parlaient tous à la fois, souvent on n'entendait pas ce qu'ils disaient", a raconté l'éditorialiste. Pourtant, a-t-il noté, "pendant tout le débat, Trump n’a jamais regardé les caméras, ne s’est jamais adressé au peuple américain", tandis que "Joe Biden, plusieurs fois, s'est adressé au peuple américain. Il a dit 'allez voter, votre vote est précieux. Si vous votez le résultat sera respecté, je vais défendre vos votes'. Et il ne regardait pas le modérateur, pas Donald Trump : il nous regardait nous, et je pense que ça, c’était efficace", a analysé Roger Cohen.

"S'il perd, on ne sait pas ce qui va se passer"

Le candidat démocrate s'est directement adressé aux Américains sur un sujet d'autant plus crucial que, selon l'éditorialiste du New York Times, Donald Trump "a dit des choses très très inquiétantes surtout pendant le dernier quart d’heure" à propos du résultat des élections.

"Il a dit que cela va mal se terminer, que cela sera une 'fraude', qu’il n’y aura jamais eu dans l’histoire américaine une fraude telle qu’on va avoir, et que pour trancher le vote il faudra aller à la Cour suprême, maintenant détenue par les conservateurs", s'est inquiété Roger Cohen. "Donc, en quelque sorte, il annonce que la démocratie américaine cette année ne va pas fonctionner et qu’il ne va pas perdre parce que s’il perd, il va semer un tel chaos qu'on ne sait pas ce qui va se passer". "On pourrait ne pas connaître" les résultats "avant des mois", avait notamment martelé Trump pendant le débat, qui affirme depuis des semaines, sans preuves, que le vote par correspondance pourrait fausser le résultat.

Biden "pas brillant" mais meilleur que Trump

Finalement, s'il fallait vraiment désigner un vainqueur, le "léger avantage" irait à Joe Biden, estime Roger Cohen, car il a "gardé en général une certaine dignité, même si c’est vrai qu’il a dit au président qu'il était temps qu'il la ferme. Mais il était plutôt lucide, on avait peur de moments de faiblesse et il n’en a pas eu tellement. [...] Il n’a pas été brillant, mais sur les problèmes raciaux, de la police, de la santé aux Etats-unis, il a quand même eu quelques idées... et le président Trump n’en a pas vraiment eu", a-t-il conclu.