Durcissement de la politique migratoire européenne : un levier efficace pour la France ?

Les ministres de l'Intérieur de l'Union européenne ont validé hier un durcissement inédit de la politique migratoire : renvois accélérés, centres hors UE, nouvelle répartition des demandeurs d'asile. L'Europe veut afficher de la fermeté, même si certains pays, notamment la France, ont freiné jusqu’au bout. Ce tour de vis peut-il vraiment faire baisser la pression migratoire ? 

L’Europe change de méthode, avec une ambition claire : ne plus subir

Trois décisions principales. Tout d'abord, des centres hors des frontières européennes pour renvoyer plus vite les demandeurs d’asile déboutés, ensuite des capacités de détention plus longues et des retours facilités y compris vers des pays dits "sûrs", même s’ils ne sont pas ceux d’origine, enfin une répartition obligatoire des demandeurs d’asile ou 20.000 euros par migrant à payer pour les États qui refusent.

Cette stratégie peut-elle vraiment soulager la France ?

Nicolas Pouvreau-Monti est le directeur de l’observatoire de l’immigration : "L'objectif global est clairement de rendre l'Europe moins attractive qu'elle ne l'a été depuis une décennie pour certains profils migratoires, notamment les demandeurs d'asile. Cela pourra bénéficier à la France, mais cela ne freinera pas une mécanique à l'œuvre depuis plusieurs années : à mesure que nos voisins ferment progressivement leurs portes, la France, elle, devient de plus en plus attractive."

Quoi qu'il en soit, la France a freiné, avec notamment des doutes sur la légalité de centres situés hors UE et crainte d’une relocalisation ingérable une stratégie dont l'efficacité dépendra, de toute façon, de la volonté réelle des États de l’appliquer.