Minsk annonce la libération de 123 détenus, dont les militants Ales Bialiatski et Maria Kolesnikova, après un accord avec Washington
À l’issue de pourparlers entre Minsk et Washington, l’ONG de défense des droits humains Viasna a annoncé, samedi, la libération du militant Ales Bialiatski, co-lauréat du prix Nobel de la paix 2022, ainsi que de l’opposante Maria Kolesnikova. Emprisonnés depuis plus de quatre ans en Biélorussie, ils figurent parmi les 123 détenus remis en liberté.
Après des années de détention au Biélorussie, plusieurs prisonniers politiques ont retrouvé la liberté. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a gracié "123 citoyens de différents pays" à l’issue de discussions avec les États-Unis. Parmi eux figurent le militant des droits humains Ales Bialiatski, co-lauréat du prix Nobel de la paix 2022, ainsi que Maria Kolesnikova, figure majeure de l’opposition.
Ces libérations interviennent après la visite de l’émissaire américain John Coale en Biélorussie, au cours de laquelle Washington a annoncé la levée de sanctions visant le potassium, un composant clé des engrais dont le pays est un important producteur.
Ales Bialiatski, défenseur des droits humains
Âgé de 63 ans, Ales Bialiatski a fondé en 1996 l’ONG Viasna (« Printemps »), principale organisation de défense des droits humains au Biélorussie. Elle documente depuis des années les arrestations, procès et condamnations liés à la répression politique, dénonçant notamment la peine de mort encore en vigueur dans le pays.
Arrêté en 2021, il a été condamné en 2023 à dix ans de prison pour un supposé "trafic de devises", une affaire jugée fictive par son organisation. Cette arrestation s’inscrivait dans une vague de répression contre l’opposition au régime. Malgré son incarcération, il a reçu le prix Nobel de la paix en 2022. Libéré samedi, il a affirmé vouloir poursuivre son combat pour les droits humains, estimant que "le combat continue".
Maria Kolesnikova, symbole de la contestation
Musicienne de formation, Maria Kolesnikova s’est imposée comme l’une des figures centrales des manifestations massives de 2020 contre la réélection contestée d’Alexandre Loukachenko. Enlevée par les services de sécurité en septembre 2020 afin d’être expulsée, elle avait rendu cette expulsion impossible en fuyant par une fenêtre avant de déchirer son passeport.
Condamnée en 2021 à onze ans de prison pour "complot contre l’État", elle a été détenue en isolement, coupée du monde extérieur. Après plus de cinq ans d’incarcération, elle a appelé, depuis l’Ukraine, à la libération des centaines de prisonniers politiques encore détenus au Bélarus.
Selon le comité Nobel, plus de 1 200 prisonniers politiques restent emprisonnés dans le pays, illustrant la persistance d’une répression systémique.
Un geste encouragé par Washington
Ces derniers mois, Donald Trump a incité Minsk à libérer des détenus politiques. En réponse, Alexandre Loukachenko a accordé plusieurs grâces, dans un contexte de rapprochement pragmatique avec Washington. Les États-Unis ont en contrepartie assoupli certaines sanctions, notamment contre la compagnie aérienne nationale Belavia ou encore contre le potassium.
Cette ouverture s’inscrit également dans une logique géopolitique plus large. Selon l’émissaire américain John Coale, la proximité entre Alexandre Loukachenko et Vladimir Poutine pourrait jouer un rôle indirect dans les efforts diplomatiques visant à mettre fin à la guerre en Ukraine.
123 personnes libérées
Au total, 123 personnes ont été libérées samedi, dont un citoyen américain. D’après les autorités ukrainiennes, 114 civils ont été transférés vers l’Ukraine avant de pouvoir rejoindre, s’ils le souhaitent, la Pologne ou la Lituanie. Selon l’entourage de l’opposante en exil Svetlana Tikhanovskaïa, ce passage par l’Ukraine n’était pas prévu initialement et aurait été décidé à la dernière minute par les autorités biélorusses.