Qui sont les anarchistes du "black bloc" ?

Un "black bloc" italien, interviewé par le quotidien romain La Repubblica après les incidents ayant émaillé la manifestation de samedi, affirme s'être "entraîné en Grèce".
Un "black bloc" italien, interviewé par le quotidien romain La Repubblica après les incidents ayant émaillé la manifestation de samedi, affirme s'être "entraîné en Grèce". © Maxppp
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Ce groupe d'activistes est à l'origine des violences lors de la manifestation des "Indignés" à Rome.

La capitale italienne a connu ses  pires violences depuis des années, samedi, à l'occasion de la journée mondiale des "Indignés". 135 blessés, dont 105 policiers, et des dégâts évalués à un million d'euros. En cause, un groupe d'activistes anticapitalistes nommé "black bloc", qui s'est infiltré dans le mouvement pour lancer des cocktails Molotov et des bouteilles. La Repubblica a rencontré un de ces activistes. Sous couvert d'anonymat, il a raconté au quotidien italien le fonctionnement de son organisation.

"Nous nous sommes entrainés en Grèce"

C'est directement auprès de groupuscules grecs que ces anarchistes italiens se sont formés. "Nous avons fait un master en Grèce", confie avec le sourire cet Italien de 30 ans, qui précise que le groupe a fait le voyage depuis l'Italie une fois par mois pendant un an. "Les camarades d'Athènes nous ont fait comprendre que la guérilla urbaine est un art où c'est l'organisation qui l'emporte", poursuit-il avant d'ajouter : "il y a un an, nous avions envie de tout démolir. Aujourd'hui, nous savons comment démolir. A  Rome, nous avons gagné parce que nous avions un plan, une organisation".

Divisés en "batteries"

Interrogé sur le mode opératoire du "black bloc" le week-end dernier, ce travailleur précaire raconte : "nous étions divisés en deux "phalanges". Un premier groupe de 500 personnes se sont armées au début de la manifestation avec comme consigne de dévaster la via Cavour".

Quelque 300 autres membres les protégeaient à l'arrière pour éviter qu'ils se retrouvent isolés du cortège. L'ordre reçu par ces derniers était de ne pas sortir les casques, masques à gaz et cocktails Molotov avant que le cortège ne tourne un peu plus loin dans un autre croisement de la capitale romaine. Objectif : surprendre les forces de l'ordre qui n'ont découvert qu'au dernier moment combien les anarchistes étaient réellement.

Celui qui dit avoir un diplôme du niveau "licence" fournit d'autres détails sur l'organisation du groupe. "Nous sommes divisés en batteries de 12 et 15. Chaque bataillon est divisé en trois groupes de spécialistes". Un groupe a pour mission de récupérer des armes dans la rue, comme des pavés et des bâtons. Un autre groupe est chargé d'utiliser les armes récupérées par le premier. Et puis, il y a les spécialistes de la bombe agricole.  

"Je parle comme quelqu'un qui est en guerre"

Face à ceux qui s'étonnent des violences occasionnées le week-end dernier, le jeune anarchiste tient à rappeler que lui et ses compères avaient annoncé la couleur. "Le mouvement (des "Indignés) fait semblant de ne pas nous connaître. Mais ils savent très bien qui nous sommes. Ils étaient au courant de ce que l'on voulait faire, tout comme les "flics". Nous avions annoncé publiquement à quoi ressemblerait notre 15 octobre", ajoute-t-il.

Quant à la sémantique "guerrière" utilisée par l'activiste tout au long de l'interview, ce dernier répond : "je parle comme quelqu'un qui est en guerre. Ce n'est pas moi qui l'ai déclarée, c'est eux ".

Une vaste opération menée par la police et les carabiniers italiens a débuté lundi matin sur tout le territoire national dans les milieux autonomes d'extrême-gauche, après les violences