L’énigmatique Kim Jong-Un

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Le troisième fils de Kim Jong-Il devrait succéder à son père en Corée du Nord.

Enfin, le monde peut mettre un visage sur le nom de Kim Jong-Un. Voilà plusieurs mois, voire plusieurs années, que le troisième fils de Kim Jong-Il est pressenti pour diriger la Corée du Nord à la mort de son dictateur de père, à la santé chancelante. Mais jamais Pyongyang n’avait officiellement diffusé de cliché du rejeton. C’est désormais chose faite, depuis jeudi, par l’intermédiaire de l’agence officielle KCNA. Il faut avoir l’œil, mais Kim Jong-Un apparaît bien au premier rang d’une photo regroupant nombre de dignitaires du régime.

Ce cliché est toutefois loin de boucher tous les trous de la biographie du futur homme fort de la Corée du Nord. Rien que sur son année de naissance, le flou persiste. Selon les sources, Kim Jong-Un serait né en 1983 ou 1984. Il aurait donc 26 ou 27 ans. Il est le fils de Kim Jong-Il et de sa troisième épouse, Ko Yong-Hee, ancienne danseuse, décédée d’un cancer du sein en 2004 à… Villejuif, près de Paris.

Ses idoles : Jordan et Van Damme

Sur son enfance au pays, rien ou pas grand-chose. Sur sa formation en revanche, il semble acquis qu’il a étudié dans des institutions suisses, probablement à l'école internationale de Gümlingen, à Berne, en Suisse, puis à l'école publique de Liebefeld. Là, il aurait appris le français, l’anglais et l’allemand. Il aurait aussi développé une passion pour le basket-ball, et aurait choisi comme idole Michael Jordan et… Jean-Claude Van Damme, selon The Guardian et The Times.

Si Kim Jong-Il, victime d’une attaque cérébrale en 2008 et de santé fragile, l’a choisi comme successeur, c’est qu’il "est connu comme ayant le potentiel pour devenir un leader fort, intransigeant. Il a la personnalité pour assumer des responsabilités", a estimé Cheong Seong-Chang, spécialiste de la Corée du Nord au centre de réflexion Sejong de Séoul. En outre, il est "fait du même bois que son père, son portrait craché, en ce qui concerne le visage, la corpulence et la personnalité", juge Kenji Fujimoto, chef cuisinier japonais longtemps au service de Kim Jong-Il à Pyongyang avant de s’enfuir.

Les deux frères désavoués

Mais Kim Jong-Un a aussi bien été aidé par ses deux aînés, qui ont tour à tout perdu la confiance du "Cher dirigeant". Kim Jong-Nam, 37 ans, a longtemps tenu la corde. Mais il a été écarté depuis son expulsion du Japon où il avait tenté de pénétrer muni d'un faux passeport en 2001 dans le but de visiter… un Disneyland. Quant à Kim Jong-Chol, 29 ans, son père le jugerait trop efféminé et pas assez autoritaire pour lui succéder, selon Kenji Fujimoto.

Voilà donc Kim Jong-Hun, nommé malgré son jeune âge général quatre étoiles mercredi, appelé sous peu à présider l’un des régimes les plus durs au monde. Certains espèrent un changement par rapport à la gouvernance de son père. Mais le "jeune général", comme l’appelle la propagande, semble prêt à user des mêmes méthodes. En juin 2009, l’aîné Kim Jong-nam aurait échappé à une tentative d’assassinat, dont le commanditaire ne serait autre que… Kim Jong-Hun