Crise Paris-Alger : «Un des objectifs du président Tebboune est de troubler le jeu politique en France», affirme Xavier Driencourt
Cette semaine, le Parlement algérien a voté une loi criminalisant la colonisation française et qui demande des excuses officielles de la part de l'État français ainsi que des réparations. Pour Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger, cette loi vise à "troubler le jeu politique en France".
Le 24 décembre dernier, le Parlement algérien a voté à l'unanimité une loi criminalisant la colonisation française. Une loi qui prévoit une demande d'excuses officielles de la part du gouvernement français ainsi qu'une "indemnisation complète et équitable pour tous les dommages matériels et moraux engendrés".
Une loi qui va "provoquer des dissensions en France"
Invité d'Europe 1 matin week-end, Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger, estime qu'avec cette loi, le président algérien cherche à "troubler le jeu politique en France" : "Il sait très bien qu'avec cette loi, il va provoquer des dissensions en France. Il va y avoir une partie de la gauche et de l'extrême gauche qui va dire 'Mais l'Algérie a tout à fait raison de se plaindre des crimes de la colonisation'. Une partie de la droite et de l'extrême droite va s'indigner de cette proposition de loi".
Selon lui, le discours anti-français qui règne en Algérie actuellement est "le carburant du régime" : "C'est ce que le président de la République lui-même avait appelé la rente mémorielle. Cette rente fait vivre le gouvernement, ça lui permet de tenir et d'exciter sa population". Une population qui connaît des difficultés avec des moments troubles, une économie en berne et un chômage en hausse.
D'autant que la France "a fait le job" sur le dossier algérien : "C'est justement parce que la France s'est engagée dans cette voie que l'Algérie estime que ça ne la satisfait pas complètement et qu'elle exige toujours plus". Xavier Driencourt pointe également l'attitude "consentante, en quelque chose bienveillante" du gouvernement français qui apporte "de l'eau au moulin de l'Algérie" par son manque de réaction ferme.