La sécurité de l'Ile Longue en question

Le ministre de la Défense a annoncé une enquête après les révélations du quotidien Le Télégramme sur la sécurité de l'Ile Longue.
Le ministre de la Défense a annoncé une enquête après les révélations du quotidien Le Télégramme sur la sécurité de l'Ile Longue. © MAXPPP
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avec AFP
Le ministre de la Défense a annoncé une enquête après les révélations du quotidien Le Télégramme.

Des failles de sécurité. Badgeuses à bout de souffle, clôtures en mauvais état, absence de chicane, de scanner pour véhicules et même de batterie de missiles sol-air, personnel inexpérimenté... La liste des "failles de sécurité" révélée par Le Télégramme mardi est longue. Problème, elle concerne un site ultra-sensible de l'armée française : l'île Longue, en rade de Brest, dans le Finistère, où sont entretenus les sous-marins nucléaires français. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a demandé une "enquête approfondie sur la sécurité".

Pas de système biométrique. "Sur la base, pas de système de contrôle biométrique, qui offre pourtant une incomparable garantie d'authentification grâce à la reconnaissance digitale et/ou de l'iris de l'oeil", note le quotidien breton. L'identification des personnels autorisés à pénétrer sur la base "s'effectue au moyen de badges nominatifs équipés d'une simple bande magnétique (très facilement copiable) et d'une photo", poursuit l'enquête. "Ces badges ne permettent pas non plus de tracer leurs porteurs, et notamment de savoir s'ils ont bien quitté la base en fin de journée", ajoute le journaliste.

Impossible d'empêcher un camion-suicide. L'enquête pointe également d'autres failles, comme la vulnérabilité des "transrades" - des bateaux qui effectuent la navette entre Brest et l'Ile-Longue et transportent la moitié des effectifs (1.200 personnes) travaillant sur le site; ou la ligne électrique desservant l'Ile-Longue, "parfaitement accessible". "À noter, également, l'absence de chicane devant l'entrée de la base et dans la base. Impossible d'empêcher un camion-suicide de parvenir jusqu'à la 'cathédrale', principal sas d'accès au coeur du site, où plusieurs centaines de personnes se pressent aux heures de pointe", affirme le quotidien, qui relève aussi qu'"une bonne partie des 115 gendarmes maritimes" affectés à la surveillance "sont gendarmes adjoints volontaires, donc débutants, très jeunes, peu formés (...) et peu payés".

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Un incident l'an dernier. La sécurité du site a été prise en défaut à plusieurs reprises, assure aussi le journal. "En juin 2012, deux individus présentant un 'badge noir' - sésame délivré à une dizaine de personnes dispensées de contrôle - sont entrés dans la base et sont parvenus jusqu'à un sous-marin, sur lequel ils ont matérialisé un engin explosif", relate le quotidien. "Les mêmes individus ont réussi à ressortir de la base sans être inquiétés", poursuit-il, précisant qu'il "s'agissait, heureusement, d'un test de sécurité, probablement mené par des commandos Marine de Lorient".

Une enquête ouverte. A la suite de ces révélations, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a demandé une "enquête approfondie sur la sécurité terrestre, maritime et aérienne" du site. Elle a été confiée à l'inspection générale des armées. "La sécurité de notre dissuasion" nucléaire "n'est pas en défaut", a néanmoins tenu à rassurer le ministre.