Ce qu'a admis Neyret en garde à vue

Michel Neyret a reconnu des erreurs au fil de sa garde à vue devant les policiers de l'IGS.
Michel Neyret a reconnu des erreurs au fil de sa garde à vue devant les policiers de l'IGS. © MaxPPP
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et Pierre de Cossette , modifié à
-  Le n°2 de la PJ de Lyon a dit avoir mis en place un système pour remercier ses "indics".

Soupçonné de corruption, Michel Neyret a changé d'attitude depuis le début de sa garde à vue jeudi dernier. Selon les informations d'Europe 1, le numéro deux de la police judiciaire de Lyon a commencé par nier les faits qui lui sont reprochés, mais, le temps passant, il aurait convenu avoir "pu manquer de discernement". Il aurait reconnu avoir été "imprudent" et avoir livré des informations que "seul un policier pouvait détenir".

L'enrichissement du commissaire en question

D’après les informations d'Europe 1, sur le principal volet, celui des stupéfiants, le n°2 de la PJ lyonnaise avait reconnu, en garde à vue, avoir mis en place un système pour remercier ses informateurs, ses "indics", avec de la drogue. Une pratique strictement interdite même si elle a longtemps eu cours. Depuis 2004, la loi encadre la rémunération de ceux qu’on appelle dans le jargon "les tontons" .

Devant l'IGS, l'un des officiers de la brigade des stups en garde-à-vue ce week-end a, de son côté, avoué avoir détourné des scellés de drogue pour les remettre à Michel Neyret à sa demande.

Sur la base d'écoutes, les enquêteurs soupçonnaient Michel Neyret d'avoir détourné du cannabis avant son placement sous scellés ou sa destruction afin de rémunérer des informateurs ou pour le revendre, avait indiqué vendredi une source judiciaire. Selon l'une de ces écoutes, il se serait engagé à fournir 10 kilos de cannabis à l'un de ses indicateurs.

Au-delà de ces pratiques illégales, la question principale est celle de l'enrichissement ou non de Michel Neyret. Les enquêteurs tentent de fouiller le train de vie du commissaire, qui a un compte en Suisse et un autre aux Bahamas.

Un ami encombrant

Michel Neyret, PORTRAIT - Michel Neyret, un flic à l'ancienne" >un commissaire respecté par ses pairs, a également admis, en garde à vue, qu'il était proche de Gilles Bénichou, un des protagonistes de l'affaire. Trentenaire, figure de la nuit à Lyon, ce dernier est suspecté d'être lié au banditisme lyonnais. Gilles Bénichou a été mis en examen samedi pour "trafic d'influences sur personne dépositaire de l'autorité publique".

Gilles Bénichou aurait prêté des voitures de luxe, des Ferrari et des Rolls Royce, à Michel Neyret lors de ses passages sur la Côte d'Azur. Un voyage offert à Marrakech est également évoqué. Reconnaissant une relation amicale, Michel Neyret n'est pas allé jusqu'à avouer qu'il y avait eu corruption.

Neyret présenté à un juge lundi

L'IGS, la police des polices, qui a interrogé le numéro 2 de la PJ de Lyon de jeudi à lundi, doit également tirer au clair d'autres dossiers. Et notamment la question des détournements de cannabis utilisés pour rémunérer les indics. Pour ce faire, il n'ont eu que quelques heures avant l'issue de la garde à vue lundi matin et la présentation au juge d'instruction.

Michel Neyret a quitté lundi matin peu après 6 heures les locaux de l'IGS, dans le 12e arrondissement de Paris pour aller au Palais de Justice. Dans cette situation, les avocats de la défense prennent d'abord connaissance du dossier, avant de présenter leur client au juge d'instruction, qui sont deux dans cette affaire. Ces derniers lui ont signifié sa mise en examen. Dernière étape, le JLD décidera d'incarcérer ou de remettre en liberté, sous contrôle judiciaire ou non, Michel Neyret.