Oxmo Puccino : "C’était important que mon père voit ce que j'ai réussi à faire"

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Europe 1
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Le rappeur, actuellement en tournée pour son dernier opus, "La Voix lactée", était l’invité de Julia Martin, dimanche, dans la Playlist d’Europe 1.

Il est surnommé le "Jacques Brel du hip-hop". Diamnche, Oxmo Puccino était l’invité de Julia Martin dans La Playlist d'Europe 1, pour parler notamment de son septième et dernier album, La Voix lactée, sorti en novembre dernier. A 40 ans passés, le rappeur, présent sur la scène depuis vingt ans, se revendique comme un "poétiseur". "Je prends ma vision des choses et je la partage d’une belle façon, qui puisse être touchante", décrit-il.

“Aux aguets” pour prendre part au 7e art. Quand il débute, il choisit son "blaze" de rappeur : Oxmo Puccino. Oxmo pour le graphisme, Puccino pour son rapport au cinéma, en particulier les films de Scorcese. "Les gangsters ont souvent des noms ridicules, je trouvais ça très drôle les noms de gansters avec des petites voix fluettes. Je me suis dit que Puccino devait être la traduction de 'poussin' en italien", explique-t-il. "Je suis parti dans ce délire, je me suis dit 'un poussin, c'est mignon', que ça irait bien avec quelqu’un qui pèse aussi lourd", lance-t-il en riant. Depuis "un certain temps" d'ailleurs, lui qui rêve de 7e art participe "à des auditions pour [s’]entraîner". "Je reste aux aguets", prévient-il.  

De la victoire de 1998 à la garde alternée. Amoureux de la langue française, le rappeur n'a pas que le cinéma pour source d'inspiration. Oxmo Puccino cite Boby Lapointe pour "l’amour des mots", mais aussi Bill Withers, dont "l'histoire [le] fascine" et Louis Amstrong avec What a wonderful world, qu'il qualifie d'"appel à la vie, l'une des plus belles, sinon la plus belle chanson de tous les temps".

Dans son dernier album, Abdoulaye Diarra de son vrai nom nous rappelle l’euphorie des années de la France "Black/Blanc/Beur", avec son titre 1998. "Un bonheur dont on a oublié que l’on pouvait être les auteurs, sans même gagner un match. C’est pour rappeler que c’est une France rêvée qui est possible, palpable, toute proche", développe le rappeur. Dans ce dernier opus, Oxmo Puccino dessine de chanson en chanson les contours d'une époque : l’éloge de la lenteur dans une société où tout va trop vite, avec Slow life, le quotidien d'un père séparé dans Un week-end sur deux, avec ces mots : "la vraie solitude est monoparentale".

La double culture "multiplie la façon de voir le monde". Dans A cheval sur, le rappeur franco-malien revient aussi sur son identité métissée. "A cheval sur deux cultures, c’est au moins être bilingue ; cela multiplie la façon de voir le monde et cela vous force à ouvrir les yeux", affirme-t-il. Né à Ségou, au Mali, en 1974, ce n’est que 31 ans plus tard qu’Oxmo Puccino repose le pied en pays natal : "c'était extrêmement fort, une collision sociale et personnelle", se souvient-il. En 2008, son père est venu le voir sur scène, à La Cigale. "Il ne m’a pas dit grand-chose, mais cela lui a fait énormément de bien. Le fait qu’il vienne, qu’il me voit, qu’il voit ce que j’avais réussi à faire, pour moi c'était très important."

Plus de contacts avec Booba. Deux ans plus tard, il est récompensé d'une une Victoire de la musique, avec le prix du meilleur album de musique urbaine, pour son cinquième opus, Arme de paix. En 2013, rebelote : avec Roi sans carrosse, le rappeur et poète remporte une seconde Victoire de la musique. Le 30 mars prochain, il sera en concert à l'Olympia, "une salle qui fait partie des mythes, des légendes. C’est quelque part rentrer un peu dans l’histoire", confie-t-il.

Oxmo Puccino a commencé sa carrière sur le label Time Bomb. A l’époque, un autre rappeur débute avec lui : Booba. Deux artistes, deux styles différents voire opposés. Aujourd'hui, il ne voit plus son ancien camarade : "Non, beaucoup moins, chacun est dans ses occupations". Quand on lui parle des clashs médiatisés autour du "Duc de Boulogne", Oxmo Puccino répond qu'il "trouve cela dommage que cela puisse attirer autant l'attention, c'est démesuré'.

"La vie est un carnaval". Affichant une sérénité sans faille, le "quadra" du rap français livre son remède contre les coups de blues, le soleil de la cubaine Célia Cruz et son morceau La vida es un carnaval. Ce sont des amis "très proches"  qui lui ont fait découvrir la musique latine. "Quel que soit l’endroit, le lieu, le climat, mon état, elle me mettra toujours en joie. Je la conseille à tout le monde… parce que la vie est un carnaval."

>> Retrouvez tous les dimanches de 13 à 15 heures, la Playlist d'Europe 1 avec Julia Martin.