Cyberharcèlement : des journalistes de Libération et des Inrocks mis à pied "à titre conservatoire"

Le quotidien "Libération" a mis à pied deux journalistes cités dans l'affaire de la "Ligue du LOL".
Le quotidien "Libération" a mis à pied deux journalistes cités dans l'affaire de la "Ligue du LOL".
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avec AFP , modifié à
Deux journalistes de "Libération" cités dans l'affaire de cyberharcèlement de la "Ligue du LOL", ainsi que le rédacteur en chef web des "Inrocks", ont été mis à pied lundi. 

Libération a annoncé lundi la mise à pied "à titre conservatoire" de ses journalistes Alexandre Hervaud et Vincent Glad, dont les noms apparaissent dans l'affaire de cyberharcèlement sur les réseaux sociaux par le groupe "Ligue du LOL", qui a éclaté ce week-end. Une source proche du magazine Les Inrocks a de son côté annoncé la mise à pied à titre conservatoire du rédacteur en chef web, David D., en vue d'un licenciement, pour les mêmes motifs. Le journaliste avait admis avoir pris part à "deux canulars téléphoniques".

Harcèlement via un groupe Facebook de journalistes. À Libération, "on va mener une enquête interne pour voir ce qu'il en est exactement, ils sont suspendus à titre conservatoire le temps de cette enquête", a indiqué le directeur adjoint de la rédaction, Christophe Israël. Il a précisé que le quotidien allait "poursuivre son travail éditorial sur le sujet". C'est justement un article du site de fact-checking de Libération "Checknews" de vendredi qui a mis au jour l'existence d'un groupe Facebook privé, baptisé "Ligue du LOL", regroupant une trentaine de journalistes et communicants, accusés d'avoir cyberharcelé d'autres journalistes et blogueurs, notamment des femmes et des militantes féministes, au début des années 2010.

 

Canulars, insultes, humiliations... Plusieurs victimes ont publié des témoignages sur Twitter ce week-end et plusieurs membres de cette "Ligue du LOL" ont publié des communiqués pour tenter de s'excuser. Parmi les victimes, la vidéaste Florence Porcel a raconté qu'outre un "harcèlement en groupe sur Twitter", et un canular téléphonique humiliant mis en ligne, où l'un d'eux se faisait passer pour un recruteur, les harceleurs étaient venus "physiquement" la voir sur son lieu de travail. Le blogueur Matthias Jambon-Puillet a pour sa part raconté dans un long texte publié sur le site Medium, des insultes anonymes sur lui et son travail, des "enregistrements sarcastiques", et des photomontages, dont un pornographique envoyé en son nom à des mineurs.

Excuses des membres du groupe. Au sein du groupe de la "Ligue du LOL" : son créateur, Vincent Glad, pigiste pour Libération, ou encore Christophe Carron, rédacteur en chef chez Slate.fr. Une liste de noms de membres supposés de ce groupe circulait sur Twitter, sans qu'il soit possible de l'authentifier. Le site Brain Magazine a également annoncé qu'il suspendait sa collaboration avec Vincent Glad. "Je présente mes excuses aussi sincères que tardives aux personnes qui, à un moment ou à un autre, ont été blessées par mes mots en quasi 11 ans d'activité sur Twitter", a écrit Alexandre Hervaud dans un long texte publié sur le réseau social.

Vincent Glad a également fait part de ses excuses sur Twitter : 

Réactions du gouvernement. Deux membres du gouvernement ont réagi à cette affaire : Marlène Schiappa, la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, a rappelé qu'une loi condamnait désormais le cyberharcèlement et a évoqué la possibilité d'étudier l'allongement des délais de prescription, les faits imputables à la "Ligue du LOL" était désormais prescrits. "Cette #LigueDuLOL, c'est l'histoire de losers, des mecs qui se gargarisaient de pouvoir se moquer d'autres personnes. Sauf que ces moqueries ont eu un impact dans le réel", a aussi condamné le secrétaire d'État au numérique Mounir Mahjoubi, dimanche sur BFMTV.