L'épidémie de coronavirus pourrait avoir fait beaucoup plus de morts en Chine que ce qui a été annoncé (photo d'illustration) 1:22
  • Copié
Sébastien Le Belzic (à Pekin), édité par Ariel Guez , modifié à
À Wuhan en Chine, si le confinement a pris fin ces derniers jours, nombreux sont ceux qui s'interrogent sur le réel nombre de décès liés au Covid-19. Alors que les autorités ont annoncé près de 3.300 morts, un journal basé à Pékin révèle que plus de 6.500 urnes funéraires ont été livrées ces dernières semaines. 

Alors que le bilan de la pandémie de coronavirus s'alourdit de jour en jour en Europe et dans le monde, une question commence à se poser sur toutes les lèvres : et si la Chine, premier foyer du Covid-19, avait volontairement minimisé le nombre de ses morts ? À Wuhan, là où tout a commencé, les images sont stupéfiantes : des milliers de personnes sont venues chercher les cendres de leurs proches, alors que le bilan officiel fait état d'environ 3.300 décès. 

6.500 urnes livrées en deux semaines

"Certaines familles ont déclaré qu'elles avaient été obligées d'attendre plusieurs heures pour récupérer les cendres", rapporte le journal Le Soir. Mais Caixin, média chinois basé à Pékin, s'est livré à un décompte macabre. Selon le journal, plus de 6.500 urnes ont été livrées à la ville de Wuhan ces deux dernières semaines, pour recueillir les cendres des victimes du Covid 19.

Un nombre près de deux fois supérieur à celui annoncé officiellement dans tout le pays. Le journal montre également les longues files d'attente, qui peuvent s'étendre jusqu'à deux cents mètres : des familles venues récupérer les cendres et les certificats de décès de leurs proches.

"On s'est dit qu'il y avait beaucoup de choses cachées"

"Il y a aussi des données qui concernent la résiliation des lignes téléphoniques, avec des résiliations massives de dizaines de milliers de lignes. Effectivement, on peut tout à fait s'interroger", affirme Karine Lacombe, ​cheffe du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine. Comme d'autres médecins, les hospitaliers français suspectent un mensonge à grande échelle. "Quand on a vu le nombre de morts en Italie et en Chine, on s'est dit qu'il y avait beaucoup de choses cachées en Chine", poursuit-elle au micro d'Europe 1.

Des interrogations sur la date du commencement

Les photos ont été abondamment reprises sur les réseaux sociaux où beaucoup s'interrogent sur le véritable bilan de cette épidémie, qui aurait débuté dès le mois de novembre, voire dès le mois de septembre, au moment de la livraison de milliers d'urnes supplémentaires à Wuhan fin 2019.

Une thèse d'autant plus crédible pour Karine Lacombe, qui rappelle que les premiers morts ont été rendus publics en décembre. "Ce qui veut dire qu'il a fallu du temps pour que le virus infiltre la population et qu'on voit un nombre de morts supérieur à la normale', explique-t-elle. "C'est probablement une épidémie qui a démarré bien plus tôt, probablement dès le mois d'octobre".

À cela s'ajoute le fait que beaucoup de victimes n'ont pas été hospitalisées ou même recensées par les autorités, qui veulent aujourd'hui tourner la page et mettre l'accent sur la reprise du travail. 

Déjà ce week-end, Patrick Berche, professeur émérite de microbiologie et ancien directeur de l'institut Pasteur, expliquait sur notre antenne qu'il était fort probable que la Chine ait revu à la baisse sa mortalité causée par le Covid-19.