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Ariel Guez
Invité de la matinale d'Europe 1, Eric d'Ortenzio, médecin épidémiologiste et coordinateur scientifique à l'Inserm, appelle à ne pas se relâcher après trois semaines de confinement. La distanciation sociale commence à avoir des effets et "il faut bien respecter toutes les mesures mises en place pour garder cet infléchissement de la courbe épidémique".
INTERVIEW

Après trois semaines, le message reste le même : restez chez vous. Depuis le 17 mars, pour tenter d'endiguer la pandémie de coronavirus, les Français ne sont autorisés à sortir de chez eux qu'avec une attestation dérogatoire, et le moins souvent possible. Un confinement dont les effets commencent à se faire sentir et pour Eric d'Ortenzio, médecin épidémiologiste et coordinateur scientifique à l'Inserm, cette mesure est essentielle. Invité de la matinale d'Europe 1, il explique que le confinement peut permettre "d'infléchir la courbe" de l'épidémie.

Et, selon lui, cette diminution a débuté "sur le nombre d'admissions en réanimation, qui est légèrement inférieur aux jours précédents". "C'est vraiment ce moment qui est critique et il faut bien respecter toutes les mesures mises en place pour garder cet espoir et cet infléchissement de la courbe épidémique", affirme Eric d'Ortenzio au micro d'Europe 1.

"On commence à voir un ralentissement dans les régions les plus touchées"

Le fameux pic pourrait être atteint dans "les deux à trois semaines peut-être", avance le médecin. "Mais c'est très dépendant de ce qui se passe dans différentes régions", rappelle-t-il. "On a des données nationales", explique Eric d'Ortenzio.

"On voit que dans les régions les plus touchées, le Grand-Est et l'Île-de-France, on commence à avoir un ralentissement mais ça va dépendre aussi des mouvements de population", poursuit-il, rappelant que certains Français ont réussi à partir en vacances, malgré les nombreux contrôles de police ce week-end sur les routes de France.  "Donc il faut vraiment faire attention et regarder les chiffres dans les jours qui viennent".

"Il ne faudrait pas que des foyers épidémiques se relancent" 

Car un relâchement pourrait faire perdre plusieurs semaines au corps médical. En raison de la période d'incubation du virus, qui peut s'étendre jusqu'à quatorze jours, les effets d'un relâchement ne se feraient sentir que "dans les deux à trois semaines après", explique Eric d'Ortenzio.

"On a vu que les beaux jours arrivent donc il y a des tendances à vouloir sortir un petit peu plus... Mais on est dans une phase où c'est critique de bien respecter toutes ces mesures !", martèle-t-il au micro d'Europe 1. "Je le dis parce qu'on sent un petit effet de ce confinement sur les régions les plus touchées et il ne faudrait pas que des foyers épidémiques se relancent dans ces régions". 

Préparer le déconfinement, rappeler le confinement

Quant au déconfinement, "il ne faut pas encore en parler", affirme Eric d'Ortenzio, même s'il reconnait qu'il est difficile d'éviter le sujet car "il faut le préparer, donc évidemment qu'il y a des mesures  qui doivent être bien réfléchies". "Comment on va faire ce déconfinement ? À quel niveau ? Dans quelle région ? Pour quelle population ?", s'interroge le médecin épidémiologiste. "Donc il faut en parler un petit peu pour le préparer, mais il faut bien rappeler qu'on est toujours dans cette phase de confinement", conclut-il.