Le CSA révoque le président de Radio France Mathieu Gallet

Le patron de Radio France a vu sa présidence révoquée par le CSA.
Le patron de Radio France a vu sa présidence révoquée par le CSA. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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avec agences , modifié à
Condamné à un an de prison avec sursis pour favoritisme lorsqu'il dirigeait l'INA, Mathieu Gallet a vu ses fonctions de PDG à la tête de Radio France révoquées par le CSA mercredi.

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a annoncé mercredi dans un communiqué avoir "décidé de retirer son mandat" au président de Radio France Mathieu Gallet, condamné le 15 janvier pour favoritisme lorsqu'il dirigeait l'INA (Institut national de l'audiovisuel), ce qui avait poussé le gouvernement à réclamer son départ. La révocation sera effective à compter du 1er mars 2018. 

Au nom de "l'intérêt général". Le CSA a assuré avoir révoqué Mathieu Gallet de la présidence de Radio France au nom de "l'intérêt général" et du "bon fonctionnement du service public audiovisuel", "à l'exclusion de toute autre considération". Le régulateur explique, dans sa décision motivée, que "pour assurer dans de bonnes conditions la gestion d'une société détenue à 100 % par l'État, il importe que les relations d'échange et de dialogue entre les représentants de l'État et le président-directeur général de la société soient denses, confiantes et permanentes, dans un contexte de réforme majeure de l'audiovisuel public". Il se dit en outre "particulièrement sensible aux questions de déontologie, de prévention des conflits d'intérêts et de moralisation de la vie publique".

Refus de démissionner. Mathieu Gallet a été condamné à un an de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende pour avoir favorisé deux sociétés de conseil lorsqu'il présidait l'INA. Le dirigeant avait fait appel et refusé de démissionner, mais la ministre de la Culture Françoise Nyssen avait jugé son maintien en fonctions "inacceptable". Seul le CSA, qui a nommé Mathieu Gallet à la tête de Radio France en 2014, était habilité à le révoquer. Le PDG s'était expliqué lundi devant les sages du gendarme de l'audiovisuel lors d'une audition à huis clos.

Présidence par intérim. Conséquence de ce départ forcé du dirigeant, c'est le doyen des administrateurs de Radio France nommés par le CSA qui va devoir assurer l'intérim à la tête du groupe public, comme le prévoient les statuts du groupe. Il s'agit de Jean-Luc Vergne, 69 ans, ancien DRH de plusieurs grands groupes (Sanofi, Elf Aquitaine, PSA, BPCE), qui n'avait pas d'expérience de l'audiovisuel avant d'intégrer le conseil d'administration de Radio France, fin 2016. Comme l'a indiqué récemment son président Olivier Schrameck, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a l'intention de désigner un successeur à Mathieu Gallet, en vertu des règles actuelles, un processus qui prendra plusieurs mois. 

"La pression de l'État plus forte que la présomption d'innocence". 
Les avocats de Mathieu Gallet ont dit regretter mercredi que "la pression de l'État" ait été "plus forte que la présomption d'innocence", à la suite de sa révocation. "C'est une décision que nous regrettons profondément. La pression de l'État a été plus forte que la présomption d'innocence", ont dénoncé les avocats Christophe Ingrain et Rémi Lorrain. "C'est inquiétant de voir l'État promouvoir le principe d'exemplarité parce que c'est le règne de l'arbitraire", ont-ils ajouté dans un communiqué.