Chine Wuhan coronavirus 1:57
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Jean-Jacques Hery, édité par Pauline Rouquette , modifié à
Alors que jusqu'ici, seuls les États-Unis critiquaient ouvertement la Chine sur sa gestion de la crise sanitaire, la France et le Royaume-Uni emboîtent le pas à Donald Trump, tirant désormais à boulets rouges sur Pékin et évoquant de nombreuses zones d'ombre concernant la propagation du coronavirus et le bilan affiché par l'Empire du Milieu.

Les pays européens estiment désormais avoir été leurrés par la Chine. Dans cette crise sanitaire liée au coronavirus, le Royaume-Uni explique que Pékin devra répondre de questions "difficiles" concernant l'apparition du virus sur le territoire et les mesures prises pour le stopper. De son côté, le président français Emmanuel Macron, dans une interview accordée jeudi au Financial Times, a affirmé qu'il y avait manifestement "des choses qui se sont passées que l'on ne sait pas".

"On commence à se réinterroger"

Jusqu'ici, les Européens s'étaient pourtant bien gardés de critiquer la Chine, déjà ouvertement attaquée par les États-Unis. Mais si la défiance à l'égard de Pékin prend une telle ampleur, selon Jean-Philippe Béja, directeur de recherche au CNRS, c'est parce que Pékin semble avoir utilisé la crise sanitaire avant tout pour soigner son image internationale.

"L'envoi de masques a été quelque chose d'important : on s'est félicité de la coopération de la Chine avec la communauté scientifique internationale", explique-t-il, alors que les pays européens peinent encore à juguler la contagion. "Mais aujourd'hui, on voit qu'il y a un certain nombre de problèmes, et on commence à se réinterroger sur ces questions."

Des doutes sur le bilan de la Chine

Première source de doutes pour les Occidentaux : le bilan humain réel du coronavirus en Chine. Vendredi, le président américain Donald Trump a de nouveau critiqué la gestion de la crise par Pékin, l'accusant d'avoir menti sur le bilan humain de la pandémie. "La Chine vient d'annoncer le doublement du nombre des morts causées par l'Ennemi Invisible. Il est bien plus élevé que cela et bien plus élevé que celui des États-Unis !", a-t-il tweeté, après que la ville de Wuhan, berceau de la pandémie, a révisé son bilan à la hausse.

  

Convocation de l'ambassadeur de Chine en France

Dans ce contexte tendu, l'ambassade de Chine en France a publié, dimanche dernier, un texte vantant la "réussite" du gouvernement de Pékin dans sa lutte contre le Covid-19. Un texte perçu, selon Emmanuel Lincot, chercheur associé à l'Iris, comme une provocation. "En donnant la leçon aux Européens qui, prétendument, laisseraient mourir leurs personnes âgées dans les Ehpad, on lit des choses hallucinantes qui vont dans le sens de l'infantilisation des interlocuteurs de la Chine", explique-t-il.

Jeudi, dans son interview au Financial Times, Emmanuel Macron a déclaré qu'il serait "naïf" de dire que la gestion de la crise par la Chine était meilleure que celle des autres pays. Le texte publié par l'ambassade de Chine en France a d'ailleurs valu à l'ambassadeur une convocation au Quai d'Orsay, indiquant l'isolement croissant de la Chine. De son côté, le régime communiste continue de nier toute dissimulation. Aujourd'hui, seule la Russie lui a clairement affiché son soutien, le président russe, Vladimir Poutine, ayant qualifié jeudi, de "contre-productives" les accusations visant Pékin.