Certains gènes pourraient être responsables des formes graves de covid-19. 2:47
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Antoine Cuny-Le Callet
Si la plupart des infections graves de coronavirus touchent des personnes âgées ou présentant d'autres pathologies, des individus jeunes et en bonne santé meurent eux-aussi. Invité d'Europe 1 samedi, le professeur Jean-Laurent Casanova, immunologiste et professeur de pédiatrie, travaille sur l'hypothèse d'un facteur génétique rendant plus ou moins résistant au virus.
INTERVIEW

Nous ne somme pas égaux face au Covid-19. D'après les informations qui remontent du terrain, l'infection est étrangement sélective : à âges et états de santé comparables, deux individus pourraient développer des formes tout à fait différentes de la maladie. Partant de cette observation, l'immunologiste et professeur de pédiatrie à l'hôpital Necker de Paris Jean-Laurent Casanova étudie avec ses équipes l'hypothèse de "variations génétiques" expliquant l'apparition de formes graves.

"On parle de variations génétiques et non-plus de 'mutations'", pose le professeur Jean-Laurent Casanova, samedi au micro d'Europe 1. Son hypothèse de l'existence de prédispositions génétiques s'appuie sur des travaux antérieurs réalisés sur d'autres maladies infectieuses. "[Ils] ont montré que la grippe maligne, la tuberculose ou les infections virales du cerveau répondent dans une proportion non-négligeable à des variations génétiques qui créent une sensibilité à tel ou tel agent infectieux."

Identifier un "gène candidat"

L'immunologiste et ses équipes de travail, disséminées entre Paris et New York, réalisent donc actuellement une étude à partir d'un groupe témoin de personnes âgées de moins de 50 ans et sans maladie pré-existante. "Nous avons réalisé un recrutement international, en Asie, Inde, Europe du Sud, Proche-Orient, Afrique du Nord, Amériques", explique Jean-Laurent Casanova. "Une fois que les malades sont recrutés, nous séquençons leur génome et nous analysons collectivement toutes ces données."

L'objectif est, à terme, d'identifier des "gènes candidats", c'est à dire des variations qui seraient responsables des formes graves de Covid-19.

Mais le travail des chercheurs devrait se poursuivre encore plusieurs mois, voire années, du propre aveu du professeur. Rappelant que la littérature scientifique portant sur le nouveau coronavirus est pour l'instant peu fournie, il ajoute : "On sait très peu de choses. Il faut laisser les scientifiques et les médecins faire leur travail."