Pour trouver des masques, la France n'a pas hésité à s'appuyer sur les entreprises de l'hexagone implantées en Chine. 1:31
  • Copié
Jean-Sébastien Soldaïni, édité par Ariel Guez , modifié à
De nombreux États se sont livrés à la "guerre des masques", déployant en Chine, principal fournisseur en la matière, tout un arsenal diplomatique et n'hésitant pas à payer très cher des approvisionnements. La France a pu s'appuyer sur plusieurs entreprises implantées en Chine, qui ont pu vérifier la qualité des produits avant livraison. 

"La pénurie de masques reste importante", racontent de nombreux praticiens en première ligne face au coronavirus. Ces derniers disent manquer de modèles FFP2 selon une enquête du syndicat des anesthésistes. Si la France affirme désormais pouvoir produire les quantités nécessaires, elle s'est d'abord livrée à une vraie bataille pour obtenir des masques chinois. Olivier Véran avait annoncé la commande de deux milliards de masques : une course contre le monde entier pour en avoir en quantité et au meilleur prix. 

"On a des gens qui se sont réinventés"

Dans un pays où il faut s'assurer que les usines existent vraiment et que les masques sont de bonne qualité, l'État et les collectivités ont misé sur les réseaux de terrain des grandes entreprises françaises implantées en Chine. Plusieurs ont été sollicitées, dont LVMH. "Tous nos vendeurs allaient à la porte des usines vérifier que les échantillons donnés étaient les bons", raconte Marc-Antoine Jamet, secrétaire général du groupe, qui était chargé de piloter ses équipes en lien direct avec l'Élysée.

"On a des gens qui se sont réinventés, des gens qui étaient à l'origine parfumeurs et qui se sont retrouvés dans une mobilisation qui consistait à aider leur pays", poursuit Marc-Antoine Jamet. Car dès le début de la crise, chaque entreprise française "un peu" implantée en Chine a été sollicitée par des intermédiaires, plus ou moins véreux : tous savaient que la France manquait de masques. 

Les pays tentent de se doubler

Impossible de faire le tri pour ceux qui voulaient des masques et qui ne s'y connaissaient pas. C'était le cas de l'Association des maires de France qui, par son directeur général Eric Verlhac s'est appuyée sur une enseigne de grande distribution (Casino). "Comme il s'agissait d'argent public, je voulais éviter de devoir envoyer des centaines de milliers d'euros à des intermédiaires qui auraient pu disparaître avec les avances que j'aurais pu faire", raconte Eric Verlhac, tout en reconnaissant ses limites : "l'import-export, ce n'est pas mon métier".

Un des opérateurs le confie : le problème dans ces négociations qui ont parfois lieu à la porte du camion, ce ne sont pas les réseaux mafieux, mais des États supposés amis, qui ont tenté de doubler la France au dernier moment. Ce fut le cas début avril lorsque les Américains sont venus sur le tarmac d'un aéroport chinois avec de l'argent liquide pour surenchérir sur la marchandise prévue pour réapprovisionner l'Hexagone.