Braquage de Cannes : "il y a eu une faille"

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avec agences , modifié à
Un braqueur a volé, seul, 103 millions d'euros de bijoux au Carlton de Cannes dimanche.

L'info. Casse du siècle à Cannes. Le braquage qui s'est déroulée dimanche à Cannes est en effet le plus important commis en France. Mais ce qui surprend surtout c'est la simplicité avec laquelle le braqueur, qui a visiblement agi seul, a opéré. Europe 1 revient sur ce nouveau "casse du siècle".

Une exposition de bijoux d'exception. Les faits se sont produits peu avant midi dans une aile du prestigieux établissement de La Croisette réservée à des expositions temporaires. Depuis le 20 juillet s'y déroulait l'exposition "Extraordinary diamonds", où étaient montrés des bijoux de la maison Leviev, propriété du magnat israélien Lev Leviev.. Cette manifestation devait se tenir jusqu'au 30 août. Le joaillier de luxe, qui assure sur son site Internet détenir les pierres "parmi les plus exceptionnelles au monde", a l'habitude d'exposer ses bijoux sur la Côte d'Azur, rapporte Le Nouvel Observateur.

Bijoux et montres incrustées de diamants. Un homme seul, dont le visage était dissimulé par "une écharpe ou un bandana" et qui portait une casquette, a fait irruption en fin de matinée dans le salon d'exposition du palace où se trouvaient "trois agents de sécurité, deux vendeurs, un manager, mais pas de clients". Les lieux n'étaient en effet pas ouverts au moment du forfait, a précisé le parquet. "L'homme n'a pas pénétré par l'accès principal, mais par la porte-fenêtre donnant sur la terrasse, qui donne elle-même sur la Croisette". Cette porte-fenêtre "est normalement verrouillée. Elle était censée l'être au moment des faits, mais il a réussi à l'ouvrir" sans qu'il y ait eu effraction, a-t-il souligné.

Le malfaiteur est reparti à pied. Sous la menace d'un pistolet automatique, il s'est fait remettre un sac contenant une mallette et une caissette. A l'intérieur : des bijoux "divers et variés" dont "des bagues, des pendentifs, des boucles d'oreilles, incrustés de diamants", détaille le parquet. Le malfaiteur est ensuite reparti "à pied, par une petite rue adjacente perpendiculaire à la Croisette", qui est devenue au fil des années une des principales artères du luxe en France, alignant les boutiques haut de gamme face à la mer. "Tout s'est passé très vite, il n'y a pas eu de violences", a indiqué une source judiciaire.

"Il y a eu une faille". "Le braqueur a mis moins d'une minute pour commettre ce vol à main armée. (...) Il y a eu une faille, c'est indiscutable, puisque personne n'aurait du rentrer dans cette pièce à un moment aussi stratégique que l'on connait dans toutes les bijouteries de France", commente Fabrice Rousseau, consultant en sécurité, interrogé par Europe 1. Les bijoux ont en effet été volé au moment où le coffre venait d'être ouvert et les produits allaient être installés dans les vitrines de présentation.

"Certainement eu des complices internes"Pour le spécialiste, le braqueur a probablement bénéficié de la complicité d'une personne à l'intérieur pour obtenir ces informations. "Le braqueur est arrivé à un moment très stratégique. Encore fallait-il qu'il sache, qu'à ce moment-là, les produits allaient être sortis des coffres pour être installés dans les vitrines. Donc, c'est vrai qu'il y a certainement eu une information. C'est généralement le cas : les braqueurs obtiennent des informations par des complicités internes, soit des établissements, soit des prestataires, soit des salariés eux-même", résume Fabrice Rousseau.

Une enquête en cours. Les enquêteurs de la Police judiciaire exploitent les éléments de vidéosurveillance. Les enquêteurs étaient sur place et la rue sur laquelle donne cette aile était coupée à la circulation. La direction du palace a indiqué avoir pour "instruction de ne rien dire". L'enquête a été confiée à la police judiciaire de Nice.

Les précédents. Lors du dernier festival de Cannes, des bijoux de marque Chopard avaient été dérobés dans le coffre de l'hôtel Novotel, d'une valeur de 1,4 millions de dollars. Un collier de diamants d'une valeur de deux millions d'euros du joaillier suisse De Grisogno avait également été dérobé lors d'une soirée de prestige au Cap d'Antibes en marge du festival. En 2003, à Anvers, plus de 120 des 160 coffres-forts de ce bâtiment très protégé du quartier diamantaire avaient été vidés et le butin estimé à une centaine de millions d'euros, ce qui était considéré jusqu'à présent comme un record mondial.