"Les gens prennent conscience des choses, ils assument les gestes barrière et je crois que ça peut aussi se passer en concert". Cali, invité d'Europe 1 dimanche, a lancé un appel à la réouverture des salles au lendemain de sa toute première représentation post-confinement, donnée à Dudelange, au Luxembourg, à l'occasion de la Fête de la musique. Un impératif économique et psychologique selon lui trop peu évoqué par les responsables politiques.
"Ramener la culture, ramener les artistes sur scène"
"C'était un grand moment", raconte Cali, en évoquant son concert de la veille, donné devant 50 personnes. "Les gens ont applaudi très fort, ils se sont applaudis eux-mêmes", poursuit-il, assurant que les mesures sanitaires avaient été respectées. La scène lui avait manqué, et c'est peu de le dire. "C'était assez merveilleux de pouvoir revenir sur la scène", explique-t-il. "J'ai regardé la scène et j'ai dit les mots d'Annie Girardot, 'je ne sais pas si je t'ai manqué, mais toi, tu m'as manqué beaucoup, beaucoup, beaucoup'".
À l'issue de son concert, Cali raconte avoir enfourché son vélo, plein de cette énergie dont il a été vidé pendant trois mois. "Je me suis rendu compte que tous ces temps de déprime sont liés à ça", analyse-t-il. "Moi, je suis tout le temps sur les routes, et ce qui me manque, c'est aller croquer de l'amour en concert".
Bonheur de se retrouver, gestes barrières respectés... Cali insiste : le public est prêt. Mais qu'en est-il des décisions ? "C'est troublant de se dire qu'on est encore enfermés", exprime-t-il, évoquant l'ensemble des artistes. "il faut laisser la possibilité à tous les producteurs de spectacle, à toutes les salles de pouvoir rouvrir et de ramener la culture, de ramener les artistes sur scène", poursuit-il. "C'est vital, c'est primordial, on ne pourra pas attendre plus que ça !"
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"Si on attend trop, il sera trop difficile de se relever"
Officiellement, les rassemblements de plus de dix personnes sont toujours interdits. Si nombre d'artistes ont gardé le lien avec leur public via les réseaux sociaux pendant le confinement, la musique aimerait pouvoir se déconfiner davantage. "Les musiciens ont été les premiers à s'enfermer, et on sera les derniers libérés", regrette Cali. "Il y a une vraie souffrance économique, mais aussi psychologique, et il faut mesurer les deux", ajoute-t-il, se disant troublé face aux oublis du chef de l'État concernant la culture. "Chez nous, on est oubliés, les disques sont gratuits, les gens vont prendre les disques sur des plateformes où l'on ne gagne rien du tout", énumère le chanteur, expliquant qu'à Dudelange, 10% du budget de la ville était consacré à la culture.
Durant le confinement, "on a pris plaisir à donner des concerts en vidéo sur internet, ça a fait du bien aux gens, mais économiquement, tout cela n'est pas jouable", appuie Cali, estimant que les concerts doivent reprendre au plus vite. "C'est vraiment une course contre-la-montre", poursuit le chanteur. "Des artistes arrêtent tout, des boîtes s'éteignent... Si on attend trop, il sera trop difficile de se relever".