Les voix s'élèvent afin de demander le report des Jeux olympiques de Tokyo, prévus à l'été 2020, et menacés par la pandémie de coronavirus 1:47
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Julien Froment, édité par Ariel Guez
L’entêtement du Comité international olympique (CIO) à maintenir les Jeux de Tokyo à l'été 2020, malgré la pandémie mondiale du coronavirus, agace de nombreux présidents de fédérations sportives françaises. Trois d'entre eux réagissent sur Europe 1 et appellent à un report des Jeux olympiques, affirmant qu'il est impossible pour les athlètes de se préparer dans de bonnes conditions.  

Malgré la propagation du coronavirus à travers le monde et du confinement quasi généralisé, y compris en France, le Comité international olympique (CIO) croit dur comme fer au maintien des Jeux olympiques de Tokyo, initialement prévus du 24 juillet au 9 août 2020. En l’espace de quelques semaines, et au gré de déclarations plus maladroites les unes que les autres, le CIO a réussi l’exploit de quasiment faire l’unanimité contre lui.

"On est très circonspects"

En France, les fédérations sportives sont assez agacées par la décision de maintenir tel quel les Jeux de Tokyo. "Ce n’est pas une situation de dirigeants responsables. C’est facile d’encourager les sportifs à se préparer. Mais où et comment ?", s’interroge sur Europe 1 André Giraud, président de la Fédération française d'athlétisme. "Quand le président de la République nous a dit qu’on devait rester confiné, comment les athlètes peuvent-ils faire ? Cela veut dire qu’ils ne peuvent même pas approcher leur entraîneur. On est très circonspects."

Du côté du judo, les conditions d’entraînements vont être très délicates pour des champions comme Teddy Riner ou Clarisse Agbegnenou. "Quand on est un sport d’opposition, vous ne pouvez pas ne pas vous entraîner. (...) On est vraiment très embêtés, nos athlètes font de la préparation physique, mais pour être fort au judo, il faut faire du judo", explique Jean-Luc Rougé, président de la fédération française. 

"On ne peut que regretter le positionnement du CNOSF"

Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), représentant de la France au CIO, est ainsi pointé du doigt. "On ne peut que regretter le positionnement du CNOSF. On attendait une prise de décisions un peu différente que des gens qui disent amen à tout. Ce ne doit pas être la préoccupation des Français que de dire que les Jeux sont maintenus. Ce qu’on demande, c’est le report des Jeux", explique Gilles Sezionale, président de la Fédération française de natation.

Même son de cloche du côté d’une fédération pourvoyeuse de médaille, le judo. "On ne joue pas avec la santé des gens" affirme Jean-Luc Rougé. "Aujourd’hui, nos athlètes ne sont pas prêts. Quand on veut battre des records, on ne les bat pas si on s’entraîne de temps en temps. Ce n’est pas possible. Le haut niveau, c’est autre chose".

S'inspirer de l'Euro 2020 et du Tournoi des VI Nations

Pour les présidents des fédérations, les pressions extérieures seront trop puissantes pour que le CIO ne fléchisse pas dans les jours à venir. "Je n'y crois pas, moi (au maintien des Jeux, ndlr), prophétise Jean-Luc Rougé pour Europe 1. "Je connais bien les méthodes du CIO, admettons que dans le monde les choses changent, ils seront obligés de changer. Le CIO a beau annoncé que les Jeux olympiques seront maintenus, et bien ils ne le seront pas", conclut le président de la Fédération française de judo.

Surtout qu'un report des Jeux olympiques n'aurait finalement rien d'exceptionnel. Toutes les autres grandes rencontres sportives de la planète ont adapté leur calendrier, que ce soit l'Euro 2020, le tournoi des VI nations, Roland-Garros ou même le tour de France. Au sein du Comité international olympique pourtant, on avance avec des œillères. Mais peut-être que la voix du patron de Worlds Athletics (fédération internationale d'athlétisme) pourrait changer la donne. Sebastian Coe concédait jeudi qu'un report des Jeux "n'était pas à exclure".