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Ariel Guez
Invitée du journal de la mi-journée d'Europe 1, Sylvie Chokron, directrice de recherche au CNRS, revient sur les conséquences du port du masque dans l'espace public dans notre vie de tous les jours. Elle explique que les expressions faciales n'étant plus totalement visibles, il va falloir apprendre à faire passer nos émotions par d'autres moyens.
INTERVIEW

Ils étaient délaissés début mars, mais ils sont devenus la règle dans les transports en commun et dans les espaces clos. Avec le déconfinement, les masques de protection sont entrés dans le quotidien des Français. Si certaines populations, comme en Chine, en portent depuis des années, les Français vont devoir s'habituer à en porter régulièrement. En conséquence, "on va devoir adapter assez rapidement" notre manière de communiquer, affirme au micro d'Europe 1 Sylvie Chokron, directrice de recherche au CNRS et responsable de l'Institut de neuropsychologie, neurovision et neurocognition de la Fondation ophtalmologique Rothschild

"Remplacer les informations visuelles par d’autres informations"

Sylvie Chokron affirme que le port du masque prive le cerveau d'informations essentielles qu'il reçoit tous les jours. "À l’état normal, le triangle qui est formé par les yeux et la bouche est la portion du visage qui véhicule le maximum d’émotions et que notre cerveau traite très rapidement, de manière quasiment inconsciente et automatique pour interpréter les intentions et l’état de la personne en face de nous", explique la directrice de recherche au CNRS.

Des informations d'autant plus importants pour les personnes malentendantes, poursuit-elle, puisqu'avec les masques, ces dernières ne peuvent plus voir les lèvres bouger, ce qui permet en temps normal de mieux comprendre le langage. "Privés de ces informations sur le visage, c’est certain qu’il va falloir qu’on s’adapte et peut-être qu’on remplace ces informations visuelles qui nous manquent par d’autres informations", continue Sylvie Chokron. 

Accentuer son intonation et faire attention à sa posture

Aussi, Sylvie Chokron recommande de faire plus attention à l'intonation de la voix, mais aussi au contenu du discours ou à la posture. "On va être un peu comme les comédiens qui sur scène doivent faire passer leurs émotions aux personnes assisses tout au fond de la salle" et qui ne les voient pas forcément bien, explique-t-elle. 

Être le moins ambigu possible

Il faudra aussi mieux choisir ses mots, prévient la directrice de recherche au CNRS, car "le rôle des émotions faciales, c’est aussi permettre de lever des ambiguïtés dans le langage". "Il nous arrive parfois de dire quelque chose en pensant l’inverse quand on est un petit peu ironique ou quand on fait de l’humour. Il va falloir que notre langage ne soit pas du tout ambigu puisqu'on aura plus les émotions faciales pour comprendre ce que la personne veut réellement dire", conclut Sylvie Chokron.