Le vaccin ne sera pas disponible partout dans le monde, prévient Christian Bréchot. 8:59
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Océane Herrero , modifié à
Deux laboratoires ont annoncé que leur vaccin était efficace à 90%. Une nouvelle très encourageante, selon Christian Bréchot, président du Global Virus Network. Mais le virologue souligne que plusieurs points restent à éclaircir, notamment la sûreté et la durabilité de ce vaccin. Sa distribution va également représenter un immense défi.
INTERVIEW

Les laboratoires Pfizer et Biontech ont annoncé lundi que leur candidat vaccin contre le Covid-19 était "efficace à 90%". Le vaccin est en pleine "phase 3" de son essai clinique, la dernière étape avant sa commercialisation. "Il faut rester prudent sur un certain nombre de choses, mais c'est une grande nouvelle, ces laboratoires donnent une raison d'espérer", s'enthousiasme Christian Bréchot, médecin, virologue et président du Global Virus Network, mardi sur Europe 1. "Ils ont obtenu des résultats absolument remarquables. Mais ils sont temporaires," nuance-t-il. Plusieurs points restent en effet à éclaircir, souligne le virologue. Il est par exemple difficile de déterminer la durée de l'immunité permise par ce vaccin, ainsi que les effets secondaires qu'il pourrait causer.

Des essais cliniques en un temps record

Les essais se déroulent dans un véritable contre-la-montre qui chamboule tous les protocoles habituels. La question de la sécurité de ce vaccin est donc au premier plan. "Les essais ont été menés sur un grand nombre de personnes", explique Christian Bréchot. Plus de 40.000 personnes vont se voir injecté ce vaccin en phase 3, ce qui permet de réaliser un test à grande échelle en une durée plutôt resserrée. L'essai a été mené en suivant des personnes vaccinées, et des personnes non-vaccinées. "94 infections au Covid-19 ont été observé dans ces deux groupes, mais seulement 9 d'entre elles concernent le groupe vacciné", précise Christian Bréchot. "C'est un résultat qui est spectaculaire."

"Il est remarquable qu'il n'y ait pas d'effets secondaires jusqu'ici", indique en outre le virologue. Pour autant, les chercheurs devront être vigilants. Le vaccin repose en effet sur une nouvelle technique, celle dite de l'ARN messager. Elle consiste à injecter non pas le virus comme la plupart des vaccins, mais un code génétique spécifique au virus. Ce procédé permet de formuler un vaccin plus rapidement. Bémol : on ne connaît pas encore parfaitement les effets secondaires que peuvent provoquer un vaccin de ce type.

De la production à la distribution, de nombreuses questions en suspens

Par ailleurs, les chercheurs doivent encore savoir pendant combien de temps ce vaccin est protecteur. En effet, la formule des laboratoires Pfizer et Biontech repose sur deux injections plutôt rapprochées dans le temps, rien ne permet donc d'assurer que l'immunité proposée par le vaccin soit durable.

Vient ensuite le problème de la distribution de ce vaccin. Selon les projections des laboratoires, environ 1,3 milliard de doses pourraient être produites en l'espace d'une année. Un nombre considérable... Mais loin d'être suffisant pour vacciner l'ensemble des habitants de la planète. "La priorité sera donnée aux personnes à risque, c'est-à-dire aux personnels soignants et aux personnes qui ont des fragilités. Celles qui sont âgées ou qui ont des antécédents de santé par exemple", développe Christian Bréchot.

Enfin, une question reste en suspens : les gens accepteront-ils de se faire vacciner ? En France, la défiance à l'égard des vaccins est extrêmement élevée. "La transparence doit être fondamentale, car l'acceptabilité du vaccin va être un point essentiel", conclut Christian Bréchot.