Ce vaccin devrait être rendu disponible en Europe au printemps. 4:29
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Anne Le Gall, édité par Océane Herrero , modifié à
Les laboratoires Pfizer et BioNTech affirment avoir découvert un vaccin efficace à 90%. Actuellement en phase 3 de l'essai clinique, cette formule pourrait rapidement être produite à grande échelle et distribuée, si toutefois aucun problème de tolérance n'était détecté. Neuf autres candidats vaccins sont toujours en essai.

A-t-on finalement trouvé un vaccin contre le Covid-19 ? Le laboratoire américain Pfizer et l'allemand BioNTech ont enfin suscité de l'espoir lundi, en annonçant qu'ils avaient découvert une formule efficace à 90%. NT162b2, c'est le nom de ce candidat vaccin, devra être livré à travers le monde rapidement afin d'enrayer l'épidémie de coronavirus. Il pourrait ainsi être distribué en Europe d'ici quelques mois, si toutefois il ne pose pas de problème au cours de la suite de l'essai clinique.

Ce vaccin est en effet en pleine phase 3 de son essai clinique, c'est-à-dire un test massif sur l'homme : le vaccin va ainsi être inoculé à 43.000 volontaires. Il s'agit de la dernière étape avant son homologation. L'essai n'est donc pas encore terminé, mais le vaccin apparaît efficace à 90% avec deux doses. Jusqu'ici, aucun problème de tolérance n'a provoqué d'arrêt de l'essai, un problème qui avait stoppé le parcours de plusieurs candidats vaccins.

Quelles sont les étapes à venir pour ce vaccin ?

Les résultats jusqu'ici obtenus par NT162b2 tiennent de l'exploit. En général, il faut plutôt dix ans pour formuler un vaccin. Pour le vaccin contre la grippe, les recherches avaient même pris 28 ans. Si les résultats de la phase 3 sont concluants, Pfizer ne perdra pas de temps. Le laboratoire espère déposer une demande d'autorisation en urgence "au cours de la troisième semaine de novembre" auprès de l'agence du médicament américaine.

Pour être commercialisé aux Etats-Unis, ce candidat-vaccin doit faire l’objet d’une demande d’autorisation d’urgence auprès de l’autorité sanitaire américaine. Pour ce faire, Pfizer doit absolument fournir deux mois de données de sécurité du vaccin. En parallèle, le dossier sera examiné par l’Agence européenne des médicaments.

Comment sera-t-il produit ? 

Restera ensuite un défi de taille : produire ce vaccin, le conserver et le distribuer à travers le monde. En effet, difficile de dire si ce vaccin sera stable puisqu'il se fonde sur une technologie génétique nouvelle, celle de l'ARN messager. C'est à dire que l'on n'injecte pas dans l'organisme des virus inactivés, atténués  ou des antigènes. On injecte des ARN messagers, qui sont donc des petite morceaux d'instructions génétiques. Et ces ARN vont dire a nos cellules de produire des défenses immunitaires contre le COVID. C'est comme ça qu'on va éduquer l'organisme pour qu'il se défende. Ces vaccins ARN ont l'intérêt de pouvoir être produits très facilement et en grande quantité. C'est une technique peu onéreuse. Mais on manque de recul sur cette technologie inédite. Le vaccin doit en outre être conservé dans des congélateurs à -80 degrés.

Pfizer et bioNtech ont prévu de fournir 1,3 milliard de doses en 2021, dont 300 millions précommandées par l'UE. Ces doses, il va falloir les fabriquer en urgence.

Combien de temps ce vaccin sera-t-il efficace ? 

Donc il reste plusieurs étapes à franchir. Et il reste encore beaucoup d’interrogations autour de ce vaccin. D’abord la durée de protection. Pour l’instant, on sait qu’elle dure un mois mais on n’a pas encore assez de recul pour savoir si elle tiendra longtemps. Ensuite, on ignore encore quel sera l’effet de ce vaccin sur les personnes déjà infectées par le coronavirus. Car seules les personnes négatives au Covid pouvaient participer à cet essai. Enfin, est-ce que ce vaccin pourra éviter les formes graves de la maladie et est-ce qu’il protègera les personnes les plus vulnérables ? On l'ignore également. 

Si les circuits de production et de distribution parviennent à surmonter ces obstacles, le vaccin devrait être disponible en Europe au printemps. Un ou plusieurs des neuf autres candidats vaccins en phase 3 actuellement pourraient également être proposés si les essais cliniques étaient concluants.