Référendum, surpopulation carcérale... Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron sur TF1
Le président Emmanuel Macron était l'invité d'une émission exceptionnelle ce mardi soir sur TF1. Pendant plus de trois heures, le chef de l'État a répondu aux questions de personnalités et d'anonymes, autour des sujets qui font l'actualité à l'instar de la guerre en Ukraine, de la fin de vie ou des retraites. Voici ce qu'il faut en retenir.
Plus de trois heures durant, le président de la République s'est confronté aux questions du présentateur de TF1 Gilles Bouleau, de personnalités issues de la société civile - influenceur, chef d'entreprise, leader syndicale, jeune journaliste engagée sur les sujets environnementaux, maire - et de Français.
Pas de nationalisation d' ArcelorMittal, des discussions sur le bouclier nucléaire avec les voisins européens, un possible référendum sur le texte de loi sur la fin de vie, mais aucun sur la réforme des retraites... Les sujets abordés, lors d'une émission grand format présentée sur TF1 ce mardi soir, ont été nombreux et ont laissé place à des débats houleux avec les intervenants.
Les principales informations :
- Des référendums ? "Pourquoi pas" certifie Emmanuel Macron. Le président se dit "favorable" à son recours pour le texte sur la fin de vie, en cas d’enlisement au Parlement
- Conflit israélo-palestinien : "Ce n’est pas à un président de dire que c’est un génocide"
- Le président affirme qu'il n'y aura pas de référendum sur la réforme des retraites
- Emmanuel Macron assure ne pas vouloir "nationaliser ArceleorMittal"
- Guerre en Ukraine, bouclier nucléaire, droits de douanes américains... le président a débuté son grand oral
- Emmanuel Macron est invité dans une émission spéciale sur TF1 ce mardi soir
- Ukraine, sujets de société, retraites, finances publiques... Le chef de l'État répond aux questions de personnalités et d'anonymes
- Le président pourrait annoncer la tenue d'un référendum, une première depuis 20 ans
Emmanuel Macron n'a pas "réfléchi" à son avenir
Pour terminer cette soirée de débats, Gilles Bouleau questionne le président de la République sur son avenir après 2027. Emmanuel Macron a assuré qu'il n'avait pas "réfléchi" à la suite de sa carrière une fois son second mandat achevé à l'Elysée, alors que la Constitution l'empêche de concourir à nouveau à la présidence de la République.
Interrogé sur TF1 à propos d'éventuelles ambitions lors de l'élection suivante, en 2032, pour laquelle rien ne s'opposerait théoriquement à une nouvelle candidature, le chef de l'Etat a éludé: "Quand j'aurai fini (l'actuel mandat), je réfléchirai à la suite. A ce moment là, je pourrai vous répondre. Mais aujourd'hui, je n'ai pas réfléchi", a-t-il insisté.
La santé mentale des jeunes
"Nos jeunesses ont vécu des transformations" et "ont été confronté de plein fouet" aux problèmes liés "au climat", au "terrorisme", aux "réseaux sociaux" et au "Covid". Face à cela, le président concède ne pas en avoir fait suffisamment.
S'il met en avant, le manque criant de personnels de santé mentale en France aujourd'hui, il dénonce aussi le manque de "coopération" entre les psychologues et les psychiatres. Il appelle à "renforcer" le système mis en place, tout en invitant à former davantage de psychiatres.
De nombreux jeunes montrent une mauvaise santé mentale, en partie à cause de la précarité à laquelle ils font face. La journaliste Salomé Saqué, dernière invitée de cette émission spéciale, déplore qu'Emmanuel Macron soit "le président de la reproduction des inégalités". Le chef de l'État se défend en assurant que ses différents gouvernements ont mis en place des réformes en faveur des étudiants, comme la revalorisation des bourses.
Le président de la République assure aussi vouloir défendre des lois sur l'environnement, autre grande cause des jeunes. Il souhaite voir les extractions "dans les grands fonds marins" êtres interdites, car "c'est mauvais pour la biodiversité et le climat" en raison de la libération du carbone que cela provoque.
Des référendums ? "Pourquoi pas"
Gilles Bouleau a abordé le sujet des référendums. Si Emmanuel Macron se dit favorable à son recours pour le texte sur la fin de vie s'il se retrouvait "bloqué" au Parlement, il se dit également pour questionner les Français au sujet de l'accès aux réseaux sociaux à partir de 15 ans. Selon lui, l'interdiction des réseaux sociaux aux plus jeunes, permettrait de lutter contre le harcèlement et l'accès à la pornographie.
Le président de la République dit également "pourquoi pas" à un référendum sur des "réformes" de Bayrou "sur le plan économique et social". Cependant, il ne "voit pas" de référendum possible sur l'immigration "qui permettrait d'être efficace"
"Je suis pour" le texte de loi sur la fin de vie
"Je souhaite que le texte engagé aujourd'hui soit voté". "Je suis pour qu'on renforce les soins palliatifs". Alors que Charles Bietry, ancien journaliste atteint de la maladie de charcot, appelle à la validation du projet de loi sur la fin de vie, le président de la République assure que ce texte est "une loi d'humanité et de fraternité"
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Arrivé ce lundi à l'Assemblé nationale, le projet de loi sur la fin de vie fait l'objet de vifs débats au sein du Parlement. Or, si le texte devait se retrouvé "bloqué", alors Emmanuel Macron se dirait favorable à un "référendum" pour le débloquer.
Port du voile dans le sport
Questionné par une sportive de haut niveau sur le port du voile dans le sport, le chef de l'État, répond qu'il est "pour la charte olympique qui refuse tout port de signe religieux dans les compétitions"
Une immigration "pilotée"
Abordé par Robert Ménard, le sujet de l'immigration a été au cœur du débat. Si le maire de Béziers ne pense pas "que l'immigration est une bonne idée" et qu'"on joue avec tout le monde" que ce soit "les gens d'ici" ou "ceux qui arrivent ici", le président de la République défend "le rapprochement familial".
"Le grand totem du regroupement familial", "c'est essentiellement des Français et des Françaises qui épousent des étrangers" assume Emmanuel Macron. Il affirme par la même occasion que l'immigration est "pilotée" en France.
Selon Emmanuel Macron, l'immigration repose sur deux piliers. D'un côté, il défend une "intégration par l'éducation et le travail" qui serait "la clé", mais demande aussi à ce que "moins de gens qui arrivent par les voies illégales". Avant que Robert Ménard ne rétorque qu'il faudrait "moins gens pas les voies légales" également.
Pris dans une affaire judiciaire pour avoir refusé de marier une personne placée sous le joug d'une OQTF, Robert Ménard demande au président de la République ce qu'il va faire pour lui venir en aide. "Un cas ubuesque" dénoncé par Emmanuel Macron qui demande à ce que les "OQTF "soient exécutées".
Étendre les pouvoirs de la police municipale et louer des places de prison
"Un fléau", "une épidémie"... Interrogé sur les trafics de drogue, le locataire de l'Élysée défend son bilan et celui de ses ministres Bruno Retailleau et Gérald Darmanin en mettant en avant les "opérations places nettes". Il assure également que la future loi sur le narcotrafic "va changer les choses", grâce à une démultiplication des "opérations sur le terrain".
"Je souhaite que le ministre de l'Intérieur puisse changer la loi pour finir ce qui a été commencé par Jean Castex", à savoir "rapprocher les polices municipales et nationales". Le chef de l'État propose ainsi de "prendre une loi" pour octroyer, dans certains cas, des pouvoirs traditionnellement dévolus à la police nationale, à la municipale. Cette dernière opèrerait "sous autorité du procureur quand elle fait ses missions".
Interrogé par le maire de Béziers Robert Ménard, sur la surpopulation carcérale, Emmanuel Macron n'exclut pas l'idée de louer des places de prison à l'étranger, "si besoin était".
"Ce n’est pas à un président de dire que c’est un génocide"
"Ce n’est pas à un président de dire que c’est un génocide" qui est en cours à Gaza confie Emmanuel Macron, mais "ce sera aux historiens en temps voulu". Il reconnait que "la crise humanitaire est la plus grave que nous aillons connue depuis octobre dernier" et ajoute que le projet du président israélien "est une honte".
S'il dénoncé "l'attaque terroriste majeure" lancée par le Hamas sur le peuple israélien le 7-Octobre, il dénonce les exercices militaires israéliens qui se poursuivent à Gaza et appelle les États-Unis à s'investir dans ce conflit, car Israël "dépend des armes américaines". Le président souhaite aussi voir naitre une solution à deux États.
"Je ne suis pas un homme orchestre"
"Je ne suis pas un homme orchestre et encore moins depuis juillet dernier" concède Emmanuel Macron en évoquant la profonde division au sein de l'Assemblée nationale due à sa dissolution. Il élude ainsi la question sur la simplification des normes demandée par les Français dans un micro-trottoir réalisé par TF1. Le président souhaite tout de même "qu'à la fin du quinquennat on aille une solidarité à la source", avec un "versement social unique".
A savoir s'il est favorable à une fusion de la carte vitale et de la carte d'identité, Emmanuel Macron répond être "pour avoir un document très simple, unique" mais ne sait "pas si c'est possible". A noter que ce document unique existe déjà chez certains de nos voisins européens.
Dette française : "on a protégé notre appareil de production"
"On a eu une politique vertueuse" soutient Emmanuel Macron après la présentation de la dette française faite par Agnès Verdier-Molinié, directrice de l'Ifrap et éditorialiste économique d'Europe 1.
Si la dette s'est largement creusée pendant la pandémie de Covid avec la politique du "quoi qu'il en coûte", le président de la République défend ses prises de décisions, en affirmant qu'"on a protégé notre appareil de production". Il ajoute également que cette politique a prévenu une hausse du chômage. "Durant les huit ans qui viennent de s'écouler, on a su maitriser les impôts et la dépense publique" juge le chef de l'État.
Au sujet du déficit public, le président de la République a affirmé que "le problème premier de la France est qu'elle ne produit pas assez".
L'épineux dossier des retraites
"Cette réforme fait aujourd'hui des ravages. Pour vous c'était peut-être il y a deux ans, pour nous c'est aujourd'hui et demain". Le débat sur l'épineux dossier des retraites a débuté, avec la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet demandant au président s'il prévoit d'organiser un référendum sur la réforme des retraites.
"Non", il n'y aura pas de référendum sur la réforme des retraites assure Emmanuel Macron. Avant d'ajouter que "cette réforme on ne l'a pas faite de gaité de cœur mais pour sauver le système français". Il défend également le décalage du départ à la retraire en comparant avec nos voisins européens, qui présentent tous un départ plus tardif qu'en France.
Le bras de fer entre Sophie Binet et Emmanuel Macron continue avec la question du référendum. La secrétaire générale de la CGT demande au président "pourquoi il a peur des Françaises et des Français". Une question évitée par le locataire de l'Élysée en assurant que si le texte est abrogé, le système s'effondrerait.
"Non, je ne vais pas nationaliser ArcelorMittal. Ce serait dépenser des milliards d'euros"
"Vous voyez qu'avec la politique, malgré le Covid, on a réussi à créer des emplois" en France assure Emmanuel Macron interrogé par la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, sur le dossier des plans sociaux dans les entreprises françaises. La syndicaliste utilise notamment l'exemple de la fermeture de plusieurs sites de sidérurgie de l'industriel ArcelorMittal.
Au cours d'un débat houleux avec Sophie Binet, il confirme également ne pas vouloir "nationaliser ArcelorMittal" car ce serait "dépenser des milliards d'euros". Une excuse à laquelle rétorque la syndicaliste, que ça couterait "un milliard d'euros".
Selon lui, la réponse "est de développer" en "mettant en place des clauses de sauvegarde" afin de remettre en avant l'acier français tout en se protégeant de "la concurrence déloyale" venant de Chine notamment.
Les droits de douane américains, menace pour la filière du Cognac
"Il abîme la croissance américaine" accuse Emmanuel Macron sur les droits de douane américains imposés par Donal Trump. "Aujourd'hui les menaces de 200% ce sont des mots, là on a 10%" assure le président. Il confirme cependant que ceci reste "un problème pour la filière" du Cognac et espère donc pouvoir négocier avec le locataire de la Maison Blanche pour les abaisser.
Ouverture des discussion sur le nucléaire avec la Pologne
La France est "prête" à une "discussion" sur le déploiement d'avions armés de "bombes" nucléaires dans d'autres pays européens, dit Emmanuel Macron. "J'en définirai le cadre de manière très officielle dans les semaines et les mois qui viennent", a-t-il indiqué le chef de l'État.
Il a en revanche précisé trois conditions à cette réflexion sur la dissuasion nucléaire française: "la France ne paiera pas pour la sécurité des autres", ce déploiement potentiel "ne viendra pas en soustraction de ce dont on a besoin pour nous" et enfin "la décision finale reviendra toujours au président de la République, chef des armées".
Emmanuel Macron défend son bilan de défense
"On a l'armée la plus efficace d'Europe" et "on a la seule armée indépendante d'Europe" poursuit-il en voulant défendre son bilan. Selon le chef de l'État, le gouvernement "n'a pas attendu" et "a doublé le budget de l'armée avec les deux lois de programmation militaire".
"Le moment que nous vivons est celui d'un réveil géopolitique" souffle Emmanuel Macron à Gilles Bouleau. "Si les Européens veulent rester libres, ils doivent se mettre en situation de s'armer" affirme le chef des Armées.
Une armée européenne ?
"Nous ne pensons pas que c'est le rôle des Européens d'être sur la ligne de front" appuie le locataire de l'Élysée face à Darius Rochebin. Cependant, "on ne peut pas abandonner l'Ukraine à elle seule comme elle ne rentrera pas dans l'Otan" assure le président, et souhaite donc que des forces alliées européennes viennent en aide à l'Ukraine afin de dissuader la Russie de poursuivre les attaques.
"Aider l'Ukraine sans jamais entrer dans une escalade"
Au sujet des sanctions imposées à la Russie pour pousser Valdimir Poutine à stopper la guerre en Ukraine, le président de la République assure que depuis le début "on a décidé d'aider l'Ukraine sans jamais entrer dans une escalade". Il confie également que tous les pays européens veulent "cette paix" tout en maintenant "la pression sur la Russie" et en gardant "les États-Unis parmi nos alliés".
"On doit aider l'Ukraine, mais on ne doit pas déclencher un troisième conflit mondial" assure le chef de l'État. Avant d'ajouter que "même les Ukrainiens ont la 'lucidité de dire' qu'ils ne pourront pas reprendre tous leurs territoires".
Le dossier de la guerre en Ukraine
"Comme à chaque fois on attend plutôt la réponse de la Russie" dénonce Emmanuel Macron à propos d'une possible rencontre entre les présidents russe et ukrainien cette semaine. Si la proposition a été faite par Vladimir Poutine dans la nuit de samedi à dimanche, Volodymyr Zelensky a assuré bien "vouloir se rendre en Turquie" et attend toujours la confirmation de son homologue russe.
Emmanuel Macron est arrivé sur le plateau de TF1
"Le défi est de rester libre". Le président de la République débute son grand rendez-vous sur TF1 par ces mots. "Depuis huit ans on a essayé de tenir face aux crises. Je crois qu'à chaque fois on a essayé de tenir et d'apporter des réponses" assure-t-il après avoir visionné un micro-trottoir réalisé par les journalistes de la chaine, auprès de Français mécontents du bilan du chef de l'État.
Que faut-il attendre de l'intervention d'Emmanuel Macron ?
Le format de l'émission est inédit et doit servir à marquer les esprits, à montrer que le président est à l'écoute des Français et à affirmer sa capacité à gouverner malgré les vents contraires. Après des semaines centrées sur l'international, Emmanuel Macron veut reprendre la main sur les dossiers intérieurs.
Le chef de l'État devrait confirmer sa volonté d'organiser un référendum, probablement une seule consultation et trois questions. Parmi les thèmes envisagés : fin de vie, écrans chez les jeunes, travail, mères seules, service national ou encore organisation territoriale. Mais pas les finances publiques, a priori, cette proposition du Premier ministre François Bayrou a été écartée.
Tibo Inshape, Robert Ménard... Ces personnalités qui interrogeront le président
Aux côtés du présentateur Gilles Bouleau, des personnalités comme Tibo Inshape, Salomé Saqué, Charles Biétry, Robert Ménard ou encore Cécile Duflot, interrogeront le président sur de nombreux sujets.