Des professeurs tire-au-flanc depuis le 17 mars et le début du confinement ? C'est l'idée que suggèrent certains responsables politiques depuis quelques jours. Encore ce dimanche lors du Grand Rendez-vous, le maire de Meaux et ancien député Jean François Copé dénonçait des enseignants "dont on a eu aucune nouvelle" pendant la crise. Invité du journal de la mi-journée d'Europe 1, Philippe Meirieu, professeur honoraire et chercheur en sciences de l’Éducation, appelle lui le président de la République "à mettre un terme à la vague de prof-bashing". Pour la première fois depuis le 13 avril, Emmanuel Macron s'adressera en effet aux Français en direct de l'Elysée, dimanche soir à 20 heures.
"Ce qu'on entend à propos des professeurs absents n'est pas représentatif"
Pour Philippe Meirieu "cette vague de prof-bashing à laquelle nous assistons dans un certain nombre de médias est tout à fait indigne". "Ce que j’entends dire sur ces enseignants qui seraient des absentéistes ou des tire-au-flanc, ne me parait pas représentatif de ce qui s’est passé dans l’Éducation nationale", avance le professeur honoraire qui souligne également que la gestion du ministère depuis le début de la crise a été "assez erratique" .
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"Nous savons bien que le volontariat creuse les écarts"
Outre la défense du corps enseignant, Emmanuel Macron doit mettre fin au volontariat sur la reprise de l'école, plaide Philippe Meirieu. "J’aimerais que le président de la République rappelle que les enfants qui sont inscrits à l’école ont une obligation de présence dans leurs établissements (...) nous savons bien que le volontariat creuse les écarts". Mais est-ce vraiment utile de faire revenir les élèves, alors que les conseils de classe ont été faits et que l'année scolaire se termine dans moins d'un mois ? "Pour les élèves en difficulté, cela aura du sens", répond le chercheur en sciences de l'Éducation.
"L’école de la République, une école pour apprendre ensemble"
Philippe Meirieu avance que "ce sont les élèves qui ont le plus besoin de l’école qui y retournent le moins (...) et que c'est le rôle de l’Éducation nationale que d’aller chercher les élèves sur le bord du chemin". Mais surtout, le retour en classe est essentiel, car les enfants ont été coupés du monde depuis trois mois. "L'isolement d’un certain nombre d’enfants et qu’ils manquent de ce collectif qui fait la classe est quelque chose qui fait défaut et qui pose un vrai problème pour leur développement personnel", affirme le professeur honoraire. "L’école de la République n’est pas simplement une école pour apprendre, c’est une école pour apprendre ensemble", conclut-il.