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Virginie Salmen édité par Guilhem Dedoyard , modifié à
Emmanuel Macron a annoncé aux élus locaux jeudi que la décision du retour à l'école à partir du 11 mai serait laissée aux parents. Mais ce "volontariat" n'est pas sans susciter des inquiétudes, tant chez les familles que chez les enseignants.
DÉCRYPTAGE

La décision d'envoyer ou non les enfants à l'école sera laissée aux parents. C'est ce qu'a annoncé Emmanuel Macron, jeudi, aux élus locaux, lors d'une visioconférence dévoilant les pistes du gouvernement sur le retour à l'école. Celles-ci sont en effet fermées depuis le 13 mars à cause du coronavirus. Après le 11 mai, les élèves ne seront pas forcés à se rendre dans leur établissement scolaire. Mais l'obligation d'instruction, donc de suivre les cours, persiste. L'enseignement à distance va donc être maintenu. Cette ambivalence risque de créer des complications, tant pour les jeunes que pour leurs professeurs.

Complexité pour les enseignants, inquiétudes pour les parents

Les seconds risquent de de devoir gérer plusieurs types d'enseignement, en présentiel dans la salle de classe, mais aussi en assurant le suivi des élèves restés chez eux. S'ajoute à cela la contrainte imposée d'un nombre restreint d'élèves par classe, 15 au maximum, ce qui va forcer l'enseignant à gérer plusieurs groupes.

Selon Hubert Salaün, porte-parole de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP), "il reste trois semaines au gouvernement pour convaincre les parents que le retour à l'école va pouvoir se faire dans de bonnes conditions. Les craintes des parents sont légitimes. Il va falloir adresser des messages un peu plus clairs, dire aux parents comment leurs enfants vont être pris en charge s'ils ne viennent pas à l'école. Vont-ils rester pendant six mois sans faire de travail scolaire avec un enseignant ?"

Des risques pour les élèves

Du côté des élèves, et notamment ceux dans les classes charnières, cette non-obligation de se rendre en classe risque d'influencer le contrôle continu. C'est pourtant devenu une modalité d'évaluation unique pour les examens, notamment le baccalauréat. Comme l'explique l'avocate Valérie Piau, spécialiste du droit de l'éducation, "pour les élèves qui ne se présenteraient pas au troisième trimestre, à partir du moment où le bac se passe en contrôle continu, l'appréciation sur le livret va être très importante. Le fait de manquer les évaluations du troisième trimestre pourrait être problématique pour des élèves qui sont un petit peu juste".

"On nous avait dit que la continuité pédagogique ne devait pas aborder de nouvelles notions, mais là si ces élèves restent à la maison pendant que d'autres élèves continuent à travailler, ça va créer des distorsions. La question, c'est comment on va gérer la rentrée, avec des élèves qui auront eu une scolarité un peu plus préservée et des élèves qui auront été éloignés de l'école pendant six mois", s'inquiète de son coté le porte-parole de la PEEP.