Après plus de 50 jours de confinement, les Français pourront sortir de chez eux à partir du 11 mai (photo d'illustration) 2:00
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Ariel Guez
Invité du journal de la mi-journée sur Europe 1, Jocelyn Raude, enseignant-chercheur en psychologie sociale à l'EHESP, estime la société française "divisée" sur l'après-11 mai et relève que les catégories populaires "les plus affectées par le confinement" sont aussi les plus inquiètes "de retrouver une vie un peu plus normale".
INTERVIEW

Qui sortira de chez soi à partir du 11 mai ? Si les Français seront enfin autorisés à prendre l'air sans attestation de déplacement dérogatoire pour la première fois depuis le 17 mars, beaucoup s'inquiètent sur un retour de l'épidémie de coronavirus et pourraient ne pas reprendre tout de suite leur "vie d'avant". Selon Jocelyn Raude, enseignant-chercheur en psychologie sociale à l'École des hautes études en santé publique (EHESP) et chercheur à l’unité des virus émergents de Marseille, les Français sont "très partagés sur cette question".

"La société Française est divisée"

L'enseignant-chercheur, qui a conduit une étude avec l’institut Arcane Reasearch auprès de 4.000 Français en avril, explique que "la moitié des Français sont impatients de retourner à une vie un peu plus normale. Mais on a l'autre moitié qui est toujours très inquiète par rapport aux possibilités d'infection dans le cadre des interactions sociales et qui souhaiterait maintenir une forme de confinement relativement strict".

"La société Française est divisée sur cette question", résume-t-il au micro d'Europe 1, pointant les catégories sociales comme les responsables de cette fracture. "Ce qui est paradoxal, c'est que ce sont les catégories qui ont été les plus affectées par le confinement, notamment parce qu'elles avaient des conditions de logement moins favorables que d'autres, qui sont les plus inquiètes pour ressortir", explique Jocelyn Raude.

Car les cadres se sont, pendant plus cinquante jours, "installés dans le télétravail", et auront encore la possibilité de travailler depuis chez eux. Mais les catégories populaires, elles, "vont devoir retourner dans le métro, prendre les transports en commun, être de nouveau face à un public". "Ce sont les catégories les plus inquiètes", par rapport à la reprise, estime l'enseignant-chercheur en psychologie sociale. "Même si ce sont ces catégories qui ont le plus souffert du confinement, ce sont elles qui sont les plus inquiètes de retrouver une vie un peu plus normale".

"De plus en plus de gens portent des masques"

Mais si la société est fracturée sur le retour à la vie normale, elle ne l'est pas concernant la mise en place du confinement en France et les mesures de protection sanitaire. "On a toujours un haut niveau de respect des gestes barrières", explique Jocelyn Raude. "De plus en plus de gens portent des masques également", souligne-t-il, affirmant que "près de 80 % de la population considère qu'un confinement strict tel qui l'a été appliqué en France était nécessaire et efficace". 

Un Français sur quatre refuserait un vaccin contre le Covid-19

Néanmoins, dans l'étude qu'a conduite Jocelyn Raude, une surprise demeure. Si un vaccin était proposé aux Français aujourd'hui, près d'un quart d'entre eux (25 %) le refuseraient. Un chiffre proche des sondages concernant les vaccins contre les virus qui ont eu une résonance beaucoup moins importante que le Covid-19. "On s'attendait à une baisse de cette réticence vaccinale dans le cas où un vaccin serait proposé contre le Covid-19 et en fait ce n'est pas du tout le cas", conclut Jocelyn Raude.