Trois pays du Nord de l'Europe ont suspendu les injections du vaccin AstraZeneca 1:43
  • Copié
Victor Dhollande, Ugo Pascolo , modifié à
Après l'annonce, jeudi, de l'arrêt des injections du vaccin d'AstraZeneca par trois pays, Mathieu Molimard, professeur de pharmacologie au CHU de Bordeaux appelle à ne pas tirer de conclusions hâtives sur une éventuelle dangerosité du sérum. "Toute une démarche diagnostique" doit se mettre en place avant de pouvoir "tirer des conclusions", rappelle-t-il. 
DÉCRYPTAGE

Ne pas tirer de conclusions hâtives. Voilà le message délivré par Mathieu Molimard suite à l'annonce de l'arrêt par précaution, jeudi, des injections du vaccin AstraZeneca par le Danemark, l'Islande et la Norvège. La raison : des "cas graves de formation de caillots sanguins chez des personnes qui ont été vaccinées", ont affirmé les autorités.

Au micro d'Europe 1, le professeur de pharmacologie au CHU de Bordeaux appelle cependant à ne pas considérer comme dangereux le vaccin mis au point par le laboratoire anglo-suédois.  

Un "hasard" ou une "cause" ? 

"Toute la problématique est de savoir s'il s'agit d'une association ou une causalité", explique Mathieu Molimard. "Autrement dit, est-ce que l'apparition de thromboses [de caillots sanguins, ndlr] sont un pur hasard, ou est-ce que c'est le vaccin AstraZeneca qui en est la cause." 

Pour en avoir le cœur net, les spécialistes de la pharmacovigilance vont "reprendre les dossiers de ces patients, voir les traitements qui ont été associés [au vaccin] pour déterminer s'il y a éventuellement d'autres causes possibles". C'est donc "toute une démarche diagnostique" qui doit se mettre en place avant de pouvoir "tirer des conclusions". "Mais pour l'instant, c'est beaucoup trop tôt", rappelle le spécialiste. 

"Le rapport bénéfice-risque est excellent"

Malgré les craintes suscitées par les décisions prises par ces trois pays, Mathieu Molimard martèle donc que "le rapport bénéfice-risque du vaccin AstraZeneca est excellent". Il permet "d'éviter les morts et il n'a pas été relevé des effets indésirables notables dans les derniers rapports de pharmacovigilance", ajoute-t-il.

Une position tenue également par le comité de sécurité de l'Agence européenne des médicaments, qui rappelle qu'en date du 9 mars, seulement 22 cas de thromboses avaient été signalés pour plus de trois millions de personnes vaccinées dans l'espace économique européen.

"Pas lieu de suspendre" les injections de ce vaccin en France, martèle Véran

De son côté, le ministre de la Santé Olivier Véran, a expliqué jeudi, lors de sa conférence de presse sur la situation sanitaire, que le risque de formation d'un caillot sanguin n'est statistiquement pas plus fort chez les patients vaccinés avec AstraZeneca que chez les autres. Par conséquent, il n'y a "pas lieu de suspendre" les injections de ce sérum en France, a-t-il jugé. "De tels événements de thromboses n'ont pas été relevés en France", abonde quant à lui Mathieu Molimard au micro d'Europe 1.

Reste que cette situation n'est pas bonne pour l'image du vaccin AstraZeneca, qui bénéficiait déjà qu'une mauvaise réputation auprès d'une partie de la population française, notamment chez certains soignants. La semaine dernière, le ministre de la Santé a même dû envoyer une lettre à ces derniers, les enjoignant à se faire vacciner. Une missive reçue froidement par les blouses blanches, qui demandent "un vaccin plus efficace qu'AstraZeneca".