coronavirus aéroport Paris 1:41
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Théo Maneval, édité par Pauline Rouquette
Alors que de nombreux salariés, en "deuxième ligne" derrière les personnels soignants pour faire fonctionner le pays durant le confinement, demeurent exclus des mesures d'indemnisation automatiques mises en place en cas de contamination au Covid-19 au travail, deux députés déposent mercredi une proposition de loi visant à créer un fonds spécial à destination de ces salariés.

Ils ont été en "deuxième ligne" derrière les soignants pour faire fonctionner le pays pendant le confinement. Le président Emmanuel Macron avait même salué, le 22 avril dernier, leur "sens du devoir". Les employés de la grande distribution, de la sécurité ou des transports ne sont, malgré cela, pas indemnisés automatiquement s'ils ont contracté le Covid-19 au travail. En effet, le coronavirus n'a été reconnu "maladie professionnelle" que pour les soignants.

Pourtant, de nombreux autres salariés souffrent aussi de séquelles. D'où le dépôt, mercredi, par deux députés, d'une proposition de loi visant à créer, pour ces salariés, un fonds spécial d'indemnisation. Fonds ardemment souhaité par les victimes concernées.

"Remboursés de la même manière qu'à l'hôpital"

"Je trouve qu'on nous a oubliés", exprime Hachille, au micro d'Europe 1, évoquant d'autres "métiers en seconde ligne comme les caissières". Lui travaille à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle. Agent de sécurité, il est chargé du contrôle aux portiques. "Les passagers venant de Chine, d'Italie, on était obligés de les palper, donc il n'y a pas de distance de sécurité", souligne-t-il.

En effet, les masques ne leur étaient pas fournis et, le 18 mars, Hachille est tombé malade. Trois mois plus tard, il n'a toujours pas repris le travail. "Les séquelles, c'est que j'ai toujours du mal à respirer, il y a des jours où ça va bien, et d'un coup c'est grosse fatigue", explique-t-il. "Là, je ne suis pas du tout prêt à reprendre, et je pense que ce serait normal que l'on soit remboursés de la même manière qu'à l'hôpital."

Un rappel au "quoi qu'il en coûte" de l'exécutif

C'est justement le but de la proposition déposée par les deux députés apparentés Parti socialiste : créer un fonds d'indemnisation pour ces salariés de la "seconde ligne" aux séquelles temporaires ou définitives, non reconnues comme maladie professionnelle, dont le mode de financement serait calqué sur celui de l'amiante (un fonds abondé par l'État et les branches Maladie et Accident du travail de la Sécurité Sociale).

Co-rédacteur de la proposition de loi, Régis Juanico, élu de la Loire, y voit un rappel au "quoi qu'il en coûte", promis par l'exécutif. "C'est un réflexe classique dans les gouvernements, quand ils commencent à évoquer des questions d'indemnisation, d'éviter d'avoir des fonds qui seraient trop coûteux aux yeux de certains", explique-t-il. "Mais la Nation ne doit oublier aucune victime."