Coronavirus : la détection des "supers contaminateurs", une des clés pour sortir de la crise

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Jimmy Mohamed, édité par Manon Fossat
Détecter les "supers contaminateurs" - ceux qui contaminent beaucoup plus de personnes que les autres sans pour autant avoir plus de symptômes - apparaît pour le docteur Jimmy Mohamed, consultant santé d'Europe 1, comme l'une des clés pour sortir de la crise. Selon lui, un dépistage massif pourrait permettre de les isoler.

Deux semaines après l'annonce du reconfinement, le ministre de la Santé Olivier Véran a parlé de "frémissement" concernant la progression de l'épidémie de Covid. S'il faut rester prudent, pour le docteur Jimmy Mohamed, consultant santé d'Europe 1, la détection des "supers contaminateurs" pourrait bien être l’une des clés pour sortir de la crise. Une notion que peu de personnes connaissent, mais pourtant "majeure" selon lui. 

"En temps normal, lorsque quelqu'un a le coronavirus, il va contaminer entre deux et trois personnes, qui vont elles-mêmes contaminer à leur tour deux ou trois autres personnes, propageant ainsi l'épidémie", rappelle le médecin. "Sauf qu'en réalité, dans la vraie vie, les choses sont un peu différentes. Certaines personnes vont en effet en contaminer deux ou trois, mais certaines n'en contaminer qu'une, voire aucune. Car pour une raison que l'on ne connaît pas, certains individus vont avoir une quantité de virus absolument énorme et vont contaminer dix, vingt, trente, quarante, cinquante personnes", poursuit Jimmy Mohamed. En réalité, pour le docteur, seulement 10% des malades seraient responsables de 80% de l'épidémie : "Il faudrait donc essayer d'aller à la pêche à ces supers contaminateurs".

Comment repérer les supers contaminateurs ?

C'est là que les choses se compliquent. Comme l'explique le spécialiste, ils ne sont pas plus malades que les autres et n'ont pas plus de symptômes. "Ils vont même parfois être asymptomatiques", soulève Jimmy Mohamed. Ces "supers contaminateurs" vont avoir besoin de supers évènements pour propager l'épidémie, c'est à dire tous les endroits clos, avec du monde, où l'on est proches les uns des autres, comme les mariages, les salles de sport...

"Souvenez-vous du rassemblement évangéliste de Mulhouse fin février dernier, qui avait entraîné un pic majeur de l'épidémie et peut-être même donné à la France cette avance par rapport à l'Allemagne", reprend Jimmy Mohamed. "Alors pour le moment, ces 'super contaminateurs', ils sont confinés, mais à mesure que l'on va déconfiner, on va retrouver une vie normale et tout l'enjeu est là. Il ne faut pas croire que l'on va pouvoir refaire des mariages à 50, à 100, à 200... Il va surtout falloir aller chercher ces 'supers contaminateurs'".

Pour cela, le médecin préconise de tester massivement, notamment avec les tests antigéniques. Et ce dernier est formel : "Les chiffres s'améliorent, le frémissement dans l'amélioration de l'épidémie se poursuit, mais prudence. Au déconfinement, la bataille ne sera pas encore gagnée".