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13 novembre 2015, 10 ans plus tard : retour minute par minute sur les attentats qui ont plongé la France dans l'horreur

Philippe Folgado - Mis à jour le . 9 min
13 novembre 2015, retour minute par minute sur les attentats qui ont plongé la France dans l'horreur
13 novembre 2015, retour minute par minute sur les attentats qui ont plongé la France dans l'horreur © Carine Schmitt / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Cette soirée du 13 novembre 2015 est restée gravée dans les mémoires. Chacun se souvient de ce qu'il faisait, d'où il se trouvait et avec qui lorsque la France a été touchée par les attentats les plus meurtriers depuis la Libération. Six attaques terroristes simultanées qui ont plongé le pays dans l'horreur.

En 2015, la France est une des principales cibles du terrorisme islamiste. Le 7 janvier, les locaux où se trouvait la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo sont pris pour cible. Deux jours plus tard, c'est l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris, qui est attaqué. Des attentats qui feront au total 17 morts et qui font comprendre que la menace est partout. 

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Ce vendredi 13 novembre, la France est toujours marquée par ces événements, mais il y a une volonté de continuer à vivre. François Hollande est au Stade de France avec Frank-Walter Steinmeier, ministre des Affaires étrangères allemand, pour assister à la rencontre entre les deux nations. Les terrasses des cafés sont pleines, les Parisiens s'apprêtent à vivre une soirée comme une autre. 

21H16 : première explosion au Stade de France 

La première attaque de ces attentats a lieu au Stade de France. La rencontre France-Allemagne a débuté depuis plus d'un quart d'heure lorsqu'une forte explosion est entendue par l'ensemble des 80.000 spectateurs, ainsi que par les millions de téléspectateurs. Certains pensent au déclenchement d'une bombe agricole, comme cela peut se produire parfois. 

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Mais à l'extérieur, la situation est tout autre. Un premier kamikaze vient de se faire exploser devant la porte D de l'enceinte. Manuel Dias, un chauffeur de car de 63 ans originaire de Reims, est touché par l'explosion. Il est la première victime de ces attentats du 13 novembre

21h20 : seconde explosion au Stade de France 

Moins de quatre minutes plus tard, une seconde explosion fend le ciel de Saint-Denis. Sur les écrans de télévision, les téléspectateurs voient le visage de Patrice Evra. Le latéral gauche de l'équipe de France s'apprête à faire une passe quand il entend la détonation, son regard montre son inquiétude. 

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Au niveau de la porte H du stade, un second terroriste a déclenché son gilet explosif. Ce dernier avait tenté de pénétrer dans l'enceinte, mais face au refus des stadiers, il se fait sauter. Une explosion qui ne tuera que le terroriste. Dans la tribune présidentielle, un officier de sécurité prévient François Hollande des événements qui se déroulent autour du stade. 

François Hollande au PC sécurité du Stade de France lors du match France-Allemagne quelques minutes après les deux premières explosions le 13 novembre 2015
François Hollande au PC sécurité du Stade de France lors du match France-Allemagne quelques minutes après les deux premières explosions le 13 novembre 2015 AFP / © AFP or licensors

Le chef de l'État décide de se rendre dans le PC sécurité et demande aux membres du gouvernement présents de rester à leur place et de ne montrer aucun signe d'inquiétude. 

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21h25 : une première terrasse de café est ciblée 

Dans les rues de la capitale, personne n'est encore au courant de ce qu'il s'est passé aux abords du Stade de France. À 21h25, une Seat noire s'arrête devant les terrasses du Carillon et du Petit Cambodge, dans la rue Alibert, dans le 10e arrondissement. 

Un impact de balle dans une des vitres du Carillon, café pris pour cible par des terroristes
Un impact de balle dans une des vitres du Carillon, café pris pour cible par des terroristes Hans Lucas via AFP / © Steven Wassenaar / Hans Lucas

Brahim Abdeslam, Chakib Akrouh et Abdelhamid Abaaoud sortent du véhicule armés de Kalachnikov. Ils ouvrent le feu sur les personnes attablées en criant "Allah Akbar". 15 personnes tombent sous les balles des terroristes. Ces derniers remontent rapidement dans leur véhicule vers une nouvelle destination. 

21h32 : plusieurs lieux attaqués dans le 11e arrondissement 

Le véhicule réapparait rue de la Fontaine au Roi, dans le 11e arrondissement de Paris. Les trois terroristes descendent de la voiture devant le restaurant Casa Nostra et le café Bonne bière. Ils tirent sur la foule, cinq personnes sont tuées et plusieurs autres sont blessées. Une nouvelle fois, la Seat noire fuit les lieux vers une nouvelle destination. 

Quatre minutes plus tard, les terroristes arrivent dans la rue de Charonne, toujours dans le 11e arrondissement de la capitale. Cette fois, ils attaquent, toujours avec le même procédé, le bar La Belle Équipe. 20 personnes perdent la vie dans cette fusillade. La rue est jonchée de cadavres, une véritable scène de guerre, raconteront les témoins. 

Au lendemain des attaques, des Parisiens ont rendu hommage aux 20 personnes tuées devant La Belle Équipe
Au lendemain des attaques, des Parisiens ont rendu hommage aux 20 personnes tuées devant La Belle Équipe AFP / © LOIC VENANCE / AFP

Au même moment, dans le PC sécurité du Stade de France, le président de la République est informé de la situation sur les terrasses parisiennes. François Hollande demande à Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, de le rejoindre. Il appelle également le Premier ministre, Manuel Valls, afin de prendre les premières décisions face à ces événements. Le chef de l'État décide de ne pas interrompre la rencontre. 

21h40 : une attaque suicide touche un café 

La Seat noire réapparaît au 253 boulevard Voltaire. Brahim Abdeslam en descend et pénètre, seul, dans le café-brasserie Comptoir VoltaireIl s'installe à une table et passe une commande à une serveuse. C'est à cet instant qu'il décide de se faire exploser, utilisant le même dispositif que les premiers kamikazes du Stade de France. 

Mais son dispositif est défectueux et seule la charge qu'il avait dans le dos a fonctionné. Il est la seule victime mortelle de cette explosion, qui fera tout de même 12 blessés, dont deux graves. Au total, les attaques sur les terrasses ont fait 39 morts et 303 blessés, dont 32 graves. Les deux autres terroristes abandonnent leur véhicule, prennent le métro et disparaissent. 

21h47 : début de l'attaque au Bataclan 

Alors que le convoi du président de la République, accompagné du ministre de l'Intérieur, se rend Place Beauvau pour une cellule de crise, le concert du groupe américain Eagle of Death Metal bat son plein au Bataclan. Un troisième groupe, composé de Foud Mohammed-Aggad, Ismaël Omar Mostefaï et Samy Amimour, arrive devant la salle de spectacle. 

Ils ouvrent immédiatement le feu sur des personnes présentes sur le trottoir avant d'entrer dans la salle et de tirer sur les spectateurs présents dans la fosse. Les spectateurs tentent de s'enfuir par les issues de secours ou de se cacher dans la salle. La fusillade dure une dizaine de minutes, puis le silence s'installe dans la salle. Les terroristes s'occupent ensuite des survivants gisant au sol. Ils les abattent d'une balle dans la tête. Plus de 250 cartouches seront tirées par les terroristes. 

Le groupe Eagle of Death Metal sur la scène du Bataclan, quelques minutes avant l'attaque
Le groupe Eagle of Death Metal sur la scène du Bataclan, quelques minutes avant l'attaque © Marion Ruszniewski / ROCK&FOLK / AFP

21h53 : troisième et dernière explosion au Stade de France 

La deuxième mi-temps du match France-Allemagne a commencé depuis quelques minutes. Dans le public, personne n'est au courant des événements qui se sont déroulés dans les 40 dernières minutes. À l'extérieur, un homme s'approche d'un fast-food où un groupe de personnes est attroupé. 

Cet homme est un troisième kamikaze. Lui aussi porte un gilet explosif et des boulons dans les poches. L'objectif est de faire le plus de victimes dans l'explosion. Ce dernier déclenche son dispositif. Une cinquantaine de personnes seront blessées, aucune victime, hormis le terroriste, n'est à déplorer. 

21h56 : les premiers policiers interviennent dans le Bataclan 

Deux policiers arrivent sur les lieux. Contre toutes les règles de sécurité, ils décident d'entrer dans le Bataclan. Ils voient Samy Amimour sur la scène avec un otage. Les deux membres de la BAC ouvrent le feu avec leur arme de service et parviennent à le toucher. En tombant au sol, le terroriste déclenche son gilet explosif. L'otage est parvenu à s'enfuir. 

Les autres terroristes répliquent et obligent les deux policiers de la BAC à battre en retraite. Les forces de l'ordre et les militaires de l'opération Sentinelle arrivent rapidement sur les lieux, mais ne peuvent intervenir directement dans la salle. Ils évacuent et sécurisent le quartier. Les blessés sont transportés dans les hôpitaux. 

Rapidement, face à l'importance du nombre de victimes et à la gravité des blessures, qui sont de même nature que des blessures de guerre, l'AP-HP déclenche le plan blanc. Un dispositif qui met en alerte l'ensemble des services de secours et d'urgences et qui permet la réquisition de personnels et de blocs chirurgicaux. 

22H40 : arrivée des forces d'intervention au Bataclan 

Près d'une heure après les premiers coups de feu au Bataclan, la BRI et des membres du RAID pénètrent dans la salle de spectacle. Ils sécurisent rapidement la fosse. Ils découvrent ensuite que les deux terroristes se sont retranchés dans un couloir au niveau des balcons de la salle avec une quinzaine d'otages. 

Les terroristes ont obligé un otage à bloquer la porte et ils transmettent aux membres de la BRI un numéro de téléphone. Un négociateur établit un contact, mais les forces d'intervention comprennent rapidement qu'il n'y a rien à attendre de cette négociation. Les terroristes revendiquent l'attentat et menacent d'exécuter un otage si la colonne de la BRI ne s'éloigne pas d'eux. Les forces d'intervention comprennent qu'un assaut est inévitable. 

22H45 : fin du match au Stade de France 

À Saint-Denis, la rencontre entre la France et l'Allemagne se termine sur un succès tricolore (2-0). La rumeur d'attentats perpétrés dans la capitale a commencé à se répandre parmi les spectateurs présents en tribunes. La sécurité les empêche de sortir du stade tant que la sécurité ne peut être garantie.

Le public de France-Allemagne sur la pelouse du Stade de France à la fin de la rencontre, le soir du 13 novembre
Le public de France-Allemagne sur la pelouse du Stade de France à la fin de la rencontre, le soir du 13 novembre dpa Picture-Alliance via AFP / © Thomas Eisenhuth / DPA / dpa Picture-Alliance via AFP

Il est demandé aux spectateurs de se réunir sur la pelouse. Ce n'est que bien plus tard que les 80.000 specteurs ont pu quitter les lieux dans le calme. 

23h53 : "C'est une horreur", déclare François Hollande aux Français 

Après s'être entretenu avec les forces de sécurité et les membres du gouvernement et que l'assaut se prépare au Bataclan, le président de la République décide de s'adresser aux Français sur toutes les chaînes. Une allocution qui marquera les esprits. 

"Au moment où je m'exprime, des attaques terroristes d'une ampleur sans précédent sont en cours dans l'agglomération parisienne. Il y a plusieurs dizaines de tués, il y a beaucoup de blessés. C'est une horreur", affirme le chef de l'État. François Hollande annonce la mobilisation de l'ensemble des forces disponibles pour neutraliser les terroristes et sécuriser la capitale. 

"C'est une terrible épreuve qui, une nouvelle fois, nous assaille. Nous savons qui sont ces terroristes. Nous devons, dans ces moments si difficiles, faire preuve de compassion, de solidarité, d'unité et de sang-froid. Face à la terreur, la France doit être forte, grande et les autorités de l'État fermes. Nous le serons !". L'état d'urgence est décrété sur l'ensemble du territoire, les frontières sont fermées. 

00h18 : l'assaut contre les terroristes est donné 

Deux heures et trente minutes après le début de l'attaque, les forces d'intervention reçoivent l'autorisation du préfet pour mener l'assaut contre les terroristes. La colonne de la BRI force la porte, les terroristes tirent, mais les balles rencontrent l'imposant bouclier de protection Ramsès des forces d'intervention, qui recevra 27 impacts. 

Des grenades assourdissantes sont lancées en direction des terroristes. Après quelques échanges de tirs nourris, touché mortellement, Foued Mohamed-Aggad déclenche son gilet. Le souffle de l'explosion projette Ismaël Mostefaï en bas d'un escalier. Blessé, il tente d'actionner son dispositif, mais il est neutralisé avant d'y parvenir. L'assaut aura duré moins de trois minutes et les hommes de la BRI n'auront tiré qu'à 11 reprises. 

Les otages présents dans le couloir s'en sortent indemnes physiquement, mais pas mentalement. Lors de leur évacuation, ils sont confrontés au carnage qui s'est déroulé dans la fosse. Les forces d'intervention fouillent les rescapés pour vérifier si un terroriste ne se cachait pas parmi eux mais, aussi le Bataclan à la recherche d'autres terroristes, de bombes, mais aussi des spectateurs qui se sont cachés, parfois même dans les faux plafonds. À 00h58, l'assaut est officiellement terminé.

Vague de solidarité mondiale 

L'attentat au Bataclan a fait 90 morts et des centaines de blessés. Dans les rues de ce quartier de Paris, les pompiers et le SAMU s'activent pour porter secours aux blessés. Certains sont posés sur des barrières vaubans ou à même le sol dans les cours des immeubles voisins ou sur les trottoirs. Des bus de la RATP sont réquisitionnés pour les transporter vers les hôpitaux parisiens. 

Dans la nuit, François Hollande, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve se rendent sur place. Dans le monde, les attaques à Paris constituent un choc. Le président américain Barack Obama est le premier à réagir. Il prononce la devise de la France : "Liberté, Égalité, Fraternité" et déclare se tenir "aux côtés des Français face au terrorisme", lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche.

L'ensemble des dirigeants européens réagira sur Twitter, tout comme les dirigeants nord et sud-américains. Vladimir Poutine présente également ses condoléances et la solidarité de la Russie à la France. Le pape François prendra la parole à la télévision pour condamner les attentats. 

Au total, les attentats du 13 novembre 2015 ont fait 130 morts et plus de 400 blessés. Des attaques d'une ampleur sans précédent. 10 ans après, le peuple de France n'a pas oublié ces événements. 10 ans après, la France n'a pas oublié et  n'oubliera pas ces hommes et ces femmes qui sont tombés sous les balles du terrorisme.