"Il faut trouver les porteurs du virus !", a martelé l’épidémiologiste Catherine Hill, samedi sur Europe 1. Alors que les autorités sanitaires ont alerté sur une reprise de l’épidémie après que 1.130 nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés en seulement 24 heures, l’épidémiologiste de l’Institut Gustave Roussy, à Villejuif, a dénoncé une "grosse erreur" dans la politique de dépistage. Un dépistage qui devrait être généralisé selon elle, et non limité aux seuls foyers de contamination déjà identifiés.
Les tests, "la clé du succès"
La France a dépassé vendredi le millier de cas de coronavirus détecté en 24 heures, et ce pour le deuxième jour consécutif, retrouvant un seuil de contamination comparable à ceux constatés à la sortie du confinement. "Il faut s’inquiéter !", met en garde Catherine Hill, ajoutant que si la France a progressé sur la problématique des masques, il n’en est rien concernant les tests qui, pourtant, sont "la clé du succès".
"Si on veut contrôler l’épidémie, il faut trouver les porteurs du virus", affirme l’épidémiologiste, prenant l’exemple de la Chine ou encore de l’Allemagne qui ont testé plus largement leur population. En France, les tests de dépistage sont massivement effectués dans les foyers de contamination. Une "grave erreur" pour Catherine Hill, qui estime que 480.000 tests par semaine, c’est bien trop peu.
"Les Chinois ont fait 2,3 millions de tests en dix jours", ajoute l’épidémiologiste. "C’est une question d’organisation : il faut que beaucoup plus de gens puissent faire les prélèvements !"
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"La France ne cherche pas efficacement tous les cas"
Pour Catherine Hill, il faut cesser de se concentrer exclusivement sur les "clusters". "Qu'un porteur du virus ait contaminé deux personnes qu'il connait en moins de sept jours, c'est ça qui fait un foyer", rappelle-t-elle. "Mais le porteur du virus qui a contaminé successivement des personnes au supermarché, dans un café et plus loin, lui n'a pas créé un foyer mais a contaminé des gens qui peuvent eux-mêmes en contaminer d'autres", explique l'épidémiologiste, effectuant un parallèle avec la situation en Espagne.
Aujourd'hui, poursuit Catherine Hill, "il y a 20 morts par jour en France, et deux morts par jour en Espagne. Que font-ils qu'on ne fait pas ?", questionne-t-elle. "Ils gèrent, ils doivent tester beaucoup plus ! Pour deux morts, ils ont deux fois plus de cas par jour qu'en France, donc ça veut bien dire qu'ils cherchent les cas beaucoup plus efficacement". Pour l'épidémiologiste, la France ne cherche pas efficacement tous les cas, "donc le virus continue de circuler".