Le coronavirus pourrait se transmettre par des mico-goutelettes selon un groupe de chercheurs. 4:50
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Matthieu Charrier, édité par Baptiste Denis , modifié à
Le coronavirus se transmet bien dans l'air. C'est en tout cas ce qu'attestent les travaux d'un groupe de 239 chercheurs issus de 32 pays, qui alertent l'OMS sur la transmission du Covid-19 via des microgouttelettes. Un mode de transmission qui expliquerait la majorité des contaminations dans un espace clos.
DÉCRYPTAGE

Avec plus de 530.000 morts partout dans le monde la crise sanitaire liée au coronavirus est loin d'être terminée. Et une nouvelle étude nous en dit plus sur une possible transmission du virus par les airs. Dans une lettre ouverte, 239 chercheurs issus de 32 pays alertent l'Organisme mondial de la santé (OMS) sur la transmission du Covid-19 par voie aérienne. De très fines gouttelettes resteraient, selon ces scientifiques, en suspension dans l'air, favorisant la transmission.

Les connaissances actuelles laissent à penser que le virus se transmet par de grosses gouttelettes lorsque l'on éternue et que l'on projette ensuite. Cette thèse, toujours soutenue par l'OMS, affirme que ces grosses gouttes, une fois expulsée, tombent rapidement au sol. D’où les recommandations de garder toujours un mètre de distance entre chaque personne.

Une explication à la majorité des contaminations en espaces clos ?

Mais ces 239 chercheurs essaient également d'apporter une précision sur de plus petites gouttelettes qui seraient en mesure de flotter dans l'air, d'y rester et donc de contaminer les personnes qui se trouveraient dans la même pièce. Ce qui pourrait expliquer que la majorité des contaminations se passent dans des espaces clos ou mal ventilés.

En conséquence, ce groupe de chercheurs demande à l'OMS de revoir ses positions, mais aussi et surtout d'appliquer le principe de précaution, à savoir obliger le porte du masque, dans les espaces clos, le temps que les travaux sur ces micro-gouttelettes se soient affinés. Le groupe de chercheurs demande également de mettre systématiquement en place un système de ventilation adapté.

"Pour le moment il n'y a pas de conclusion"

Mais l'OMS s'est déjà fendu d'une réponse par la voix du docteure Benedetta Allegranzi, responsable technique de l'OMS, qui souligne les nombreux débats à ce sujet au sein de l'organisation, mais qui ne seraient "pas assez étayés par des preuves solides ou même claires".

"Ce que dit l'OMS est une vérité", approuve au micro d'Europe 1 le docteur Alexandre Bleibtreu, infectiologue à la Pitié Salpêtrière à Paris. "Il n'y a pas de données scientifiques indiscutables sur la persistance de ces microgouttelettes dans l'air et si elles sont suffisantes pour infecter quelqu'un. Il y a des études en cours dans les espaces de réanimation avec des protocoles qui ont été financés par l'Etat. On prélève sur le patient, sur les machines, sur les masques, les blouses des soignants, les poignets de portes pour voir si l'on détecte l'ARN du virus. D'autres expériences, encore plus expérimentales, sont menées en aérosolisant du virus dans des pièces où sont posés des filtres. Pour le moment il n'y a pas de conclusion", rappelle-t-il enfin.