La fermeture des berges de fleuves fait partie des mesures envisagées (photo d'illustration). 1:24
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Louis de Raguenel et Victor Dhollande, édité par Margaux Lannuzel , modifié à
Le Premier Ministre Jean Castex doit prendre la parole jeudi soir et devrait annoncer de nouvelles mesures pour les 20 départements français particulièrement touchés par l'épidémie de Covid-19. Mais les décisions ne sont pas encore tranchées, entre réticences locales et risque d'explosion sociale en cas de reconfinement. 
DÉCRYPTAGE

Le cas de Paris, où, contrairement au Pas-de-Calais, l'hypothèse d'un reconfinement le week-end a finalement été écartée en raison de l'absence de consensus politique, illustre parfaitement la complexité de la stratégie du gouvernement. Alors que Jean Castex doit annoncer jeudi soir de nouvelles mesures pour 20 départements français particulièrement touchés par l'épidémie de Covid-19, tout n'est pas encore fixé et la tâche de l'exécutif vire au casse-tête. 

Le Pas-de-Calais et la Seine-Saint-Denis inquiètent particulièrement

D'abord, de quels départements parle-t-on ? Le Pas-de-Calais donc, et la Seine-Saint-Denis, deux départements où le taux d'incidence dépasse les 400 nouveaux cas pour 100.000 habitants, inquiètent particulièrement. C'est bien plus que le seuil d'alerte maximale, fixé à 250 par les autorités sanitaires. Il y a aussi les sept autres départements d'Île-de-France sont aussi en zone rouge. Le Val-de-Marne et le Val d’Oise ont même vu une augmentation de 20% du nombre de cas sur les sept derniers jours.

Dans cette carte de France de l’épidémie, il y a aussi les départements qui n’étaient pas encore placés sous surveillance mais qui enregistrent un rebond de la circulation du virus. C'est le cas notamment de la Corrèze, de l'Aube ou encore des Hautes-Alpes, un territoire qui bascule en zone rouge avec 280 nouveaux cas pour 100.000 habitants. Enfin, les Alpes-Maritimes restent le département le plus touché avec un taux d’incidence de 563. Mais depuis quelques jours, c’est un signe encourageant, le nombre de contaminations baisse légèrement.

Les réticences des maires et le risque d'explosion sociale

Face à ces disparités, les préfets mènent donc des concertations locales… tout en tentant de maintenir un semblant de cohérence d'un territoire à l'autre. Un travail d'équilibriste, avec un panel de mesures à disposition : fermeture des centres commerciaux de plus de 5.000m², interdiction de l'accès aux berges de fleuves, limitation des manifestations ou encore envoi renforcé de vaccins.

Plusieurs préfets confient à Europe 1 à quel point la tâche est difficile, car dans certains départements populaires, en cas de reconfinement local le weekend, le vrai risque ne leur semble pas tant être le virus que l’explosion sociale. Dans d’autres territoires, les préfets se heurtent à la résistance des maires, qui ne veulent pas que le gouvernement impose quelque mesure que ce soit. D'après nos dernières informations, seul le département du Pas-de-Calais serait pour l'instant concerné par un reconfinement. 

La complexité de la tâche, qui doit permettre à Emmanuel Macron de ne pas perdre son pari du non-reconfinement national, vaut-elle le coup ? "On perd du temps, on joue sur les mots avec ce non confinement", estime un conseiller de l'exécutif interrogé par Europe 1. "Et à la fin on risque réellement de perdre ce pari."